Les retraites : un sujet complexe qui suscite passions, interprétations et divergences qui tournent parfois à la caricature. Alors qu’une phase de concertation importante s’engage, il est temps de trier le vrai du faux pour clarifier les enjeux d’une réforme systémique.
« NOTRE SYSTÈME DE RETRAITES VA FAIRE FAILLITE »
Tant qu’il y aura des cotisations pour la retraite, il y aura des pensions de retraite. Dans notre système « par répartition », les cotisations sont immédiatement utilisées pour verser les pensions. Contrairement au système dit « par capitalisation », où chacun épargne pour sa retraite sur des placements financiers sensibles aux évolutions boursières, notre système « par répartition » ne peut pas faire faillite. Un système « par répartition » est plus solide financièrement. Il repose entièrement sur l’acceptation d’un pacte social autour des retraites. Il doit donc être rigoureusement juste et solidaire.
Ce que veut la CFDT
Les efforts consentis par le passé ont porté leurs fruits.
Mais de réforme en réforme, le système a perdu en lisibilité, avec pour effet pervers une perte de confiance
des jeunes générations. Il faut donc réformer le système en profondeur, pour le rendre plus lisible, plus
compréhensible et plus juste autour de trois axes :
- le maintien de la répartition,
- le respect du principe « à carrière égale retraite égale »,
- et un haut niveau de solidarité.
« LE NIVEAU DE VIE RELATIF DES RETRAITÉS BAISSE »
Depuis 1993, la revalorisation des pensions est indexée sur l’inflation, et non plus sur l’évolution des salaires. Au fil des ans, cette mesure a eu pour effet un ralentissement de l’augmentation des retraites par rapport aux salaires, car le taux d’inflation est inférieur
à l’évolution salariale.
Ce que veut la CFDT
La CFDT veut un partage des fruits de la croissance avec les retraités, c’est-à-dire une indexation sur les salaires, au moins en partie, à l’instar du nouveau régime unifié pour les retraites complémentaires Agirc-Arrco qui se met en place en janvier 2019. La CFDT revendique un pilotage non étatique, susceptible de restaurer la confiance des retraités dans le système.
« LE NIVEAU DES RETRAITES A BAISSÉ »
Les personnes qui partent à la retraite aujourd’hui ont un niveau de retraite supérieur aux
générations précédentes. De plus en plus de générations avec des carrières complètes accèdent à la retraite.
Aujourd’hui, le taux de pauvreté des retraités est de 7 %, alors qu’il est de 14 % en moyenne pour la population totale et frôle les 20 % chez les jeunes.
Ce que veut la CFDT
La CFDT souhaite que notre système de retraites s’adapte à un contexte économique marqué par un chômage structurel et prenne en compte la diversité des parcours et les aléas de carrière en s’appuyant sur :
- un principe de contributivité pour plus de justice (à carrière égale, retraite égale),
- un haut niveau de solidarité pour faire face aux aléas de la vie,
- une solidarité accrue avec les plus basses pensions (une carrière au Smic doit donner une retraite égale à 100 % du Smic).
« LES FONCTIONNAIRES SONT DES PRIVILÉGIÉS AU REGARD DE LA RETRAITE »
Les règles des différents régimes se sont rapprochées, notamment en termes de durée de
cotisation et d’âge minimal de départ en retraite.
Mais deux différences majeures demeurent : pas de retraite complémentaire pour les fonctionnaires ; le calcul du salaire de référence sur les 6 derniers mois pour eux, contre les 25 meilleures années dans le secteur privé.
Ce que veut la CFDT
La CFDT demande depuis longtemps la convergence des règles de calcul de la retraite dans un système universel. Aujourd’hui, les règles sont différentes mais produisent des retraites similaires. Par contre, leur complexité crée une forme de fracture sociale.
« Défendre sa retraite » doit devenir « défendre la retraite de tous » pour restaurer la cohésion sociale.
Il ne s’agit pas de diminuer mais de répartir plus équitablement et de conforter le système.
« LES FEMMES ONT LA MÊME RETRAITE QUE LES HOMMES »
Les inégalités de carrière et de rémunération perdurent.
Comme la retraite est le reflet de la carrière, les femmes ont en moyenne une retraite inférieure de 31 % à celle des hommes.
Ce que veut la CFDT
Si on veut corriger les inégalités entre femmes et hommes, il faut plusieurs dispositifs
avec des objectifs clairs :
- une pension de réversion rénovée (plus généreuse pour les basses pensions et étendue à toutes les formes de couples),
- des dispositifs de solidarité adaptés aux aléas de la vie (mutations économiques, temps partiel subi, etc.),
- une attention marquée aux basses pensions.
« LES PENSIONS DE RÉVERSION PROTÈGENT LES FEMMES »
Aujourd’hui, elles permettent de réduire l’écart de pension entre les femmes et les hommes, mais ne sont plus complètement adaptées aux besoins de solidarité actuels avec l’augmentation des divorces, l’apparition du Pacs, et le développement des familles monoparentales.
Ce que veut la CFDT
La CFDT veut ouvrir le débat pour repenser et adapter la pension de réversion afin de lui redonner du sens. Elle doit être rénovée en ciblant les basses pensions et en favorisant les droits propres des femmes. Un partage égal des droits à retraite acquis par le couple peut être établi pour ceux qui font le choix
légitime d’organiser leur carrière en fonction de la vie de couple. Elle doit être étendue à toutes les formes de couples.
« UN RÉGIME EN POINTS, C’EST UN SYSTÈME PAR CAPITALISATION »
Un régime en points, c’est un régime dans lequel il y a des cotisations (salariales et patronales) qui permettent d’acquérir des droits à la retraite sous forme de points qui seront transformés en pension de retraite. Les points permettent de garantir la valeur des droits. Dans le système en annuités actuel, les cotisations acquittées en début de carrière ont moins de valeur que celles acquittées en fi n de carrière. Cela avantage les carrières ascendantes et pénalise ceux qui ont des métiers pénibles ou peu qualifiés, et/ou des carrières peu ascendantes.
Ce que veut la CFDT
La CFDT revendique que les retraites de base et complémentaires restent entièrement en répartition et que les dispositifs de capitalisation, quand ils existent (Perco, par exemple) soient marginaux, collectifs et gérés en Investissements socialement responsables (ISR).
« LA PÉNIBILITÉ EST PRISE EN COMPTE DANS NOTRE SYSTÈME DE RETRAITE »
Une grande avancée avait été obtenue par la CFDT en matière de compensation de la pénibilité au travail avec le Compte personnel de prévention de la pénibilité, C3P. Mais les employeurs qui le jugeaient trop complexe on fait pression pour en diminuer la portée.
Six facteurs de risque, au lieu des 10 initiaux, sont désormais retenus avec des seuils annuels minimum d’exposition. 4 facteurs ont hélas disparu et pas des moindres : postures pénibles, manutentions manuelles de charges, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux. Les travailleurs concernés par ces risques peuvent toutefois obtenir la reconnaissance d’une maladie professionnelle qui ouvre droit à un départ anticipé à la retraite.
Ce que veut la CFDT
La CFDT demande la réouverture du débat sur la pénibilité pour réintégrer les 4 critères qui ont disparu du C2P : la réparation mais aussi la prévention doivent être reconsidérées.
La CFDT demande que tous les travailleurs qui exercent un métier pénible, ou qui sont affectés à un poste de travail avec des conditions de travail pénibles, puissent partir plus tôt en retraite.
Pour aller plus loin
Télécharger le dossier complet : Retraites – Vrai/Faux