Fonctionner en dispositif dans une École inclusive, qu’est-ce que ça nous demande ?

L’École inclusive repose sur un principe de fonctionnement en dispositifs.

Là où un modèle ségrégatif/intégratif fondé sur l’identification du meilleur lieu et du meilleur spécialiste prenait appui sur des endroits spécifiques et des personnels spécialisés qui étaient les seuls à “savoir faire”,  le modèle inclusif se demande “comment faire” pour que chaque élève soit bien et soit disponible pour apprendre là où il/elle est.

Dans ce cadre, le fonctionnement figé en classes, unités et structures ne pouvait perdurer. Il a donc laissé progressivement la place au fonctionnement en dispositifs. Il s’agit alors de faire reposer le soutien de chaque parcours scolaire sur des ressources humaines et matérielles. Idéalement, l’élève n’est alors plus déplacé d’une structure à une autre : ce sont les professionnels qui se déplacent. Le fonctionnement en dispositif impose des changements de posture (de l’enseignant.e spécialisé.e  vers le coordonnateur.rice-personne ressource, de l’AVS “assistant.e” à l’AESH “accompagnant.e”, par exemple), et des changements de point de vue.

Le point de départ d’un fonctionnement inclusif appuyé sur des dispositifs repose sur l’identification des besoins spécifiques pour apprendre.

Il est alors question pour la communauté éducative de penser l’accessibilité des apprentissages (anticipation des obstacles d’apprentissage, flexibilité/adaptabilité des modalités et supports pédagogiques, conditions mises en place pour que chaque enfant se sente le pouvoir d’agir en tant qu’élève), ainsi que l’identification et la mobilisation de ressources pour pouvoir fonctionner dans un contexte ordinaire où la diversité serait la norme.

Bien évidemment, certaines limites entravent encore un fonctionnement en dispositifs pleinement inclusifs.

Les limites

Deux limites relèvent de l’institution.

  • La première concerne le financement de l’ensemble du secteur médico-social. Peut-être qu’un fonctionnement en prix de journée ne facilite pas la coopération et les accompagnements au sein des établissements scolaires.

La deuxième concerne le fonctionnement pyramidal de l’Éducation nationale, apposant de nombreux filtres qui ne semblent pas faciliter le fonctionnement en projets. Les documents (PPRE, PAP, PPS) ne sont pas encore toujours vus comme une formalisation de mises en projet en équipe.

  • D’autres limites relèvent de l’information, de la communication et de la formation.

Notre société fait reposer notre fonctionnement administratif et scolaire sur des démarches et procédures implicites, découvertes au fil de l’eau par les familles et professionnels concernés directement.

Du côté de la formation, si les étudiants en Master MEEF bénéficient depuis la rentrée 2021 de 25 heures de formations aux pratiques éducatives et pédagogiques inclusives, il n’en reste pas moins que la formation continue des enseignants et personnels d’éducation repose essentiellement sur des fondamentaux disciplinaires très éloignés de “la prise en compte de la diversité des élèves”.

Nos propositions

Au cours d’une première réunion autour de la thématique du fonctionnement en dispositifs, nous avons identifié plusieurs pistes pour agir et réagir.

Un axe important repose sur la scolarisation des élèves en situation de handicap et les AESH :

  • comment systématiser l’accueil des professionnels et leur information sur les besoins des élèves accompagnés, sur les gestes professionnels attendus ?
  • comment considérer les AESH comme des acteurs-trices essentiels, comment faire en sorte que les réunions les concernent sans équivoque, que les interventions de professeurs ressources les concernent également ?

Un deuxième axe fondamental a été soulevé, l’alliance éducative :

  • comment favoriser les échanges entre tous les acteurs (dont le triptyque famille-enseignant-AESH concernant les élèves en situation de handicap) ?
  • comment faciliter les (in)formations pluri-catégorielles à destination de l’ensemble de la communauté éducative ?
  • comment faire évoluer les pratiques à propos de secret professionnel et de secret partagé ?

Un troisième axe repose sur l’intelligence collective :

  • comment mettre en valeur la créativité et la bonne volonté des équipes, de façon à ce qu’elles soient valorisées plutôt que démobilisées ?
  • comment donner aux enseignants et aux enseignantes le temps et les moyens de fonctionner en projet plutôt que de sentir l’obligation de remplir des documents purement administratifs (PPRE, PAP, Gevasco et mise en oeuvre du PPS) ?
  • comment la communication entre les différents partenaires et leur formation permettrait de ne pas mettre à mal l’élève ?

Concrètement, nous avons suggéré deux pistes de co-construction, qui pourraient être développées dans des échanges à venir. Vous êtes les bienvenu.es pour construire avec nous :

La valorisation et la  revalorisation de tous ceux et celles qui font l’École inclusive et qui doivent sans cesse repenser leurs pratiques professionnelles apparaissent indispensables !