Tests salivaires, vaccination des personnels, protocole sanitaire... La réunion du 2 mars 2021 au ministère de l’Éducation nationale était particulièrement attendue après un démarrage polémique des tests salivaires faute de concertation sur l'organisation.
La réunion de suivi de la situation sanitaire dans les établissements scolaires devient plus régulière. La réunion du 2 mars 2021 a été l’occasion pour le Sgen-CFDT de soulever plusieurs questions et de rappeler ses positions concernant les questions sanitaires.
Situation sanitaire et campagne de tests salivaires
Enfin validée par les autorités sanitaires une campagne de tests salivaires va se déployer progressivement dans les semaines à venir.
Les objectifs ministériels
Le ministère a précisé les objectifs poursuivis via cette campagne de tests :
- un échantillonnage sur une dizaine d’établissements par académie pour alimenter les travaux d’étude épidémiologique des ARS et de Santé publique France,
- le déploiement massif de tests salivaires avec priorisation sur les écoles et les zones où la circulation du virus est la plus importante.
Ces derniers sont destinés prioritairement aux élèves du 1er degré et permettront de mieux suivre et combattre l’épidémie en identifiant et en traçant les cas COVID dans les écoles.
Expérimentés dans quelques écoles à la demande de certaines DASEN, ils vont se généraliser avec un objectif de 300 000 tests par semaine à partir de la mi-mars.
L’extension au collège se fera en fonction de la vitesse de déploiement des tests qui dépend aussi de la capacité des laboratoires, inégalement répartis sur le territoire.
L’accord préalable des familles est nécessaire.
Pour les élèves comme pour les personnels, il n’y a aucune obligation de se soumettre aux tests.
Après des débuts timides, le ministère annonce un taux d’acceptation de 70 à 80% dans les derniers établissements testés.
Pour le Sgen-CFDT, un déficit de concertation et donc des débuts houleux
Le Sgen-CFDT a regretté l’absence de concertation préalable à tous les échelons sur l’organisation pratique de la campagne de tests. Une telle concertation aurait permis de préciser les rôles des personnels et d’éviter les cafouillages (enseignants sollicités pour effectuer eux-mêmes les tests). Pourtant les objectifs de cette campagne de tests sont partagés.
En effet, pour le Sgen-CFDT, le déploiement des tests doit permettre de mieux protéger personnels et élèves en permettant de dépister des personnes porteuses du virus même alors qu’elles sont asymptomatiques. Cela doit aussi permettre d’avoir une meilleure connaissance et analyse de la circulation virale dans la population scolaire. C’est donc une bonne nouvelle, mais les modalités d’organisation doivent être discutées avec les organisations représentatives des agents.
Les précisions apportées par le ministère sur l’organisation opérationnelle
Le ministère a confirmé les clarifications apportées par le ministre dans les médias en indiquant que seuls les personnels de santé scolaire et des personnels des laboratoires partenaires, avec l’aide de différents acteurs (services municipaux, protection civile,..) organiseront et procéderont aux tests. Les enseignant·e·s et les directeurs·trices ne seront sollicité·e·s que pour les tâches administratives (recueil des autorisations préalables). Le Sgen-CFDT a demandé que cela soit rappelé aux départements dans lesquels des consignes différentes sont encore transmises.
Les enseignant·e·s ne doivent pas effectuer les prélèvements
Les laboratoires n’ont pas à solliciter directement les établissements, ce sont les services académiques et départementaux de l’Éducation nationale qui élaborent les partenariats avec des laboratoires d’analyse médicale dans les différents territoires.
1700 médiateurs devraient être recrutés et formés par les académies en lien avec les ARS d’ici le mois de juin pour aider aux opérations, notamment parmi les étudiant·e·s en santé. Des étudiant·e·s d’autres champs disciplinaires peuvent être recruté·e·s pour venir en appui sur les aspects administratifs et logistiques. Le Sgen-CFDT a rappelé que les étudiant·e·s en santé étaient déjà très mobilisés auprès des établissements sanitaires et que tou·te·s ces étudiant·e·s devront pouvoir poursuivre leurs études dans de bonnes conditions.
Les médecins conseillers techniques, et les équipes de santé scolaires qui supervisent les tests seront informés des cas positifs dans le respect des données médicales de chacun et chacune afin que les mesures d’isolement, de fermeture de classe voire d’établissement puissent être enclenchées. Le ministère a par ailleurs rappelé que si le test d’un élève s’avère positif, les parents doivent informer immédiatement l’établissement.
Pour le Sgen-CFDT, les tests menés sur le lieu de travail doivent être gratuits.
Concernant une participation de 1 euro pour les personnels passant un test, le ministère évoque une règle qui s’applique de manière générale : gratuité totale pour les moins de 18 ans et contribution de 1€ pour les adultes pour tout test RT-PCR, prélevée sur le remboursement d’un soin ultérieur. Le ministère dit travailler au sein du gouvernement pour obtenir la gratuité totale pour les agents. Le Sgen-CFDT a demandé au ministère d’indiquer la base réglementaire de cette contribution et nous considérons que pour des campagnes de tests menées sur le lieu de travail pour les personnels qui y travaillent doivent être gratuits. Cela participe de la bonne conduite de la stratégie de tests.
Le Sgen-CFDT et les autres organisations syndicales ont soulevé la question de la sursollicitation des personnels de santé scolaire depuis le début de la pandémie. Le ministère a répondu en annonçant une concertation spécifique sur leurs missions et envisagé une compensation indemnitaire.
Situation sanitaire :
les autres points abordés et soulignés par le Sgen-CFDT
Si la campagne de tests a été au centre des échanges, le Sgen-CFDT a abordé d’autres questions en lien avec la situation sanitaire.
Qualité des masques
Le Sgen-CFDT a fait part des remontées liées aux masques sans que le ministère n’apporte de réponses :
- distribution de masques inclusifs : beaucoup de personnels n’en sont toujours pas dotés,
- AESH : dans certains endroits il est toujours compliqué que les AESH obtiennent des masques,
- demande de masques plus protecteurs pour les AESH (contacts rapprochés) et les enseignant·e·s de maternelle (contact avec des enfants sans masques),
- les dernières dotations dans certains endroits : les personnels signalent des masques trop petits, des élastiques qui font mal aux oreilles, et qui font plus transpirer que les précédents et qui trop collés au visage s’humidifient trop vite.
Le masque chirurgical est souvent signalé comme le moins inconfortable en situation d’enseignement. Le Sgen-CFDT a renouvelé sa demande de dotation en masques chirurgicaux.
Le ministère a reconnu qu’il y avait eu deux mauvaises surprises sur des livraisons de masques qui ont été retirés (de marque Noyoco et Boldoduc).
Vaccination des personnels
Concernant le calendrier vaccinal, le type de vaccin, des priorités accordées aux personnels selon leurs conditions d’exercice et leur situation de santé, de nombreuses questions restent pour l’instant sans réponse.
Le Sgen-CFDT a demandé que les AESH et enseignant·e·s de maternelle, les professeur·e·s d’EPS, les personnels de vie scolaire qui travaillent sur le temps de restauration scolaire soient prioritaires, ainsi que les ATSEM en coordination avec leur collectivité employeur.
Pour le Sgen-CFDT, dès que le calendrier vaccinal général le permettra, il faut faciliter l’accès à la vaccination les personnels des établissements scolaires les plus en contact avec la population au quotidien dans des locaux clos, pour certains sans que le public porte le masque.
Aération des locaux, lavage des mains, organisation du temps de cantine…
Des problèmes matériels quotidiens continuent de se poser un an après le début de l’épidémie.
Des remontées font état d’établissements qui ont toujours des fenêtres bloquées, aboutissant à une impossibilité d’aérer certaines salles de classe, dans lesquels les points d’eau sont insuffisants pour permettre un lavage régulier des mains. Dans de nombreux endroits la configuration des locaux rendant le brassage inévitable. La plupart des cantines scolaires ne sont toujours pas équipées de systèmes de ventilation.
La ventilation des lieux clos est un élément clé dans la prévention de la transmission du virus.
Sur ces différents aspects, il est rare que les travaux aient démarrés ou que leur planification soit connue des personnels. Le Sgen-CFDT est régulièrement intervenu sur ce sujet qui n’a rien d’anodin alors que la ventilation des lieux clos est un élément clé dans la prévention de la transmission du virus.
Le Sgen-CFDT demande un engagement plus fort de l’État aux côtés des collectivités locales pour que les travaux soient réalisés, financés notamment grâce au Plan de relance.
Pour le Sgen-CFDT, tout cela concourt à la difficulté éprouvée par les personnels pour mettre en œuvre le protocole sanitaire correctement. Dans le contexte épidémique que nous connaissons, il convient donc de permettre de recourir davantage à l’hybridation pour permettre de renforcer la distanciation dans les salles de classe, et dans les cantines scolaires.
Suivi sanitaire des personnels
Le Sgen-CFDT a renouvelé sa demande d’un suivi de la situation de santé au regard du Covid-19 de l’ensemble des personnels : suivi des arrêts maladie pour Covid, suivi des Covid longs, et en permettant des statistiques selon les métiers et les lieux de travail.
Tenue des réunions dans les écoles et établissements scolaires
L’interdiction des réunions de plus de 6 personnes dans les administrations par le gouvernement n’est pas contestée par la CFDT. Cependant, faute d’équipements adaptés, et dans des écoles et établissements où les personnels travaillent en présentiel, cette mesure peut mettre en difficulté le fonctionnement des établissements. C’est notamment le cas dans les écoles maternelles et élémentaires. Ces écoles ne disposent pas des équipements informatiques permettant d’organiser des réunions en visioconférence. Par ailleurs, dans l’intérêt de l’élève, celles-ci ne sont pas toujours possibles ou souhaitables par exemple quand la famille ne dispose pas de matériel ou a des difficultés de compréhension en français.
Pour tenir compte des situations sociales et pédagogiques, le Sgen-CFDT demande que malgré la situation sanitaire une certaine latitude soit laissée aux équipes, évidemment sous réserve du respect des gestes barrières et des consignes sanitaires (port du masque, distanciation, aération, gel hydroalcoolique). Il ne s’agit pas pour nous de demander à permettre la tenue de réunions rassemblant un grand nombre de personnes.
Direction d’école
La gestion des tests salivaires, comme les autres tâches liées à l’épidémie de COVID et aux consignes du protocole sanitaire continuent d’alourdir la charge des directeurs·trices d’école.
La plupart d’entre eux reste chargée de classe et n’a bénéficié d’aucune aide supplémentaire cette année pour exercer les missions et faire face aux tâches supplémentaires. Le Sgen CFDT demande que des moyens exceptionnels, notamment en terme de décharge leur soient attribués tant que durera la pandémie.
Le ministère a confirmé la prolongation des budgets permettant l’emploi de contractuel·le·s enseignant dans le premier degré et d’AED dans les collèges et lycées pour faire face aux besoins de remplacement liés à la situation sanitaire.
Enfin, le jeudi 4 mars la DGESCO organise une réunion de concertation sur les impacts pédagogiques de la situation sanitaire, le ministère a aussi annoncé une prochaine réunion si des mesures gouvernementales devaient modifier les conditions de fonctionnement des établissements scolaires dans les jours qui viennent.