Mouvement de grève le mardi 18 octobre dans la voie professionnelle

Après les annonces du Président de la République sur la Voie Professionnelle et celles de la Ministre déléguée à l'enseignement et la formation professionnels, le Sgen-CFDT appelle à la grève.

mouvement de grève dans la voie professionnelle

Pourquoi la fédération des Sgen-CFDT appelle-t-elle à un mouvement de grève le mardi 18 octobre dans la voie professionnelle ? Alors que le gouvernement annonce l’ouverture de discussions sur la voie professionnelle, des annonces laissent à penser que les conclusions sont déjà écrites.

Pour le Sgen-CFDT, il faut rouvrir la réflexion pour améliorer réellement les conditions de travail des personnels et de réussite des élèves.

Ce que le Sgen-CFDT refuse

  • L’augmentation de 50 % de la durée des PFMP.

Actuellement les élèves de lycées professionnels n’arrivent pas tou·te·s à remplir les obligations de stage auxquelles ils·elles sont soumis·es. Cela conduit les jeunes à devoir rattraper ces périodes hors temps scolaire, ce qui impacte le temps de travail des collègues. Pour certain·e·s jeunes qui sont dans l’incapacité à rattraper, nous sommes amené·e·s à employer des dérogations faisant appel à une certaine « bienveillance » !

  • Une nouvelle baisse des heures d’enseignements.

Aujourd’hui, au regard des heures que les collègues ont déjà perdu, il serait catastrophique de substituer des PFMP à des heures de cours. Le niveau des élèves de la voie pro ne permettrait pas de continuer à former des citoyen·ne·s, répondre aux exigences des programmes et/ou référentiels avec toujours moins d’heures de cours. Il faut reconnaitre que le LP a certes vocation à l’insertion professionnelle mais il a aussi une vocation sociale.

  • L’apprentissage comme unique solution.

Le Sgen-CFDT ne s’oppose pas à l’apprentissage, mais ce n’est pas la solution pour tou·te·s les élèves. Nous refusons la mixité forcée des publics. L’apprentissage doit se préparer, avec des élèves ciblé·e·s. Il ne doit pas être prépondérant dans nos classes. Il doit rester un moyen pour permettre à nos élèves de ne pas décrocher.

  • Une mise en œuvre précipitée d’une énième réforme pour septembre 2023.

Il ne faut pas reproduire ce qui se passe pour la transformation de la voie professionnelle. La première cohorte vient de passer l’examen (juin 2022) et, déjà, une nouvelle réforme se profile pour la rentrée 2023 ! Sans oublier que cette cohorte qui vient de sortir a connu le confinement et des conditions de scolarisation dégradées !

Ces quatre éléments, dans l’éventualité de leur mise en œuvre, amplifieraient la dégradation progressive des conditions de travail des personnels.

Non ! À trop vouloir réformer, trop vite, sans évaluer la réforme précédente, et sans prendre en compte les conditions de travail, on diminue les chances de réussite des élèves. Leur insertion professionnelle et/ou la poursuite d’études s’en trouvent impactées.

Ce que le Sgen-CFDT revendique dans ce mouvement de grève

Une évaluation partagée avec les personnels des précédentes réformes.

Quel impact la précédente réforme a-t-elle eu sur les personnels ? Le Sgen-CFDT réclame une évaluation qui interroge les personnels de terrain. Il est nécessaire de connaître la charge de travail engendrée par cette réforme.
Quel impact sur les ressources humaines ? À l’heure où notre profession souffre d’un manque d’attractivité, il faut s’interroger sur les impacts des réformes successives sur les démissions, les reconversions, le peu de candidat·e·s aux concours…

Quel effet cette réforme a-t-elle eu pédagogiquement ? La baisse des heures d’enseignement général a-t-elle fragilisé des élèves qui le sont déjà fortement ? Le co-enseignement par le biais du chef d’œuvre et de la co-intervention a-t-il permis aux élèves de donner plus de sens à leur formation, de mieux appréhender le monde du travail ?… Quel impact sur la charge de travail des collègues ?

Une reconnaissance de l’ensemble des missions assurées par les personnels des LP.

Pour le Sgen-CFDT, il faut une prise en compte de la particularité du métier d’enseignant en lycée professionnel. Ce n’est pas un·e enseignant·e lambda. En effet, il·elle accueille dans la grande majorité des cas, un public à besoin particulier (élève avec des handicaps socio-cognitifs, des élèves allophones…). Ce public spécifique réclame un suivi plus lourd que les autres élèves avec notamment la multiplication des ESS, des suivis individuels….

Quant aux collègues contractuel·le·s : nombreux·ses dans les LP, ils·elles sont une richesse. Il faut cesser de les stigmatiser et de les maltraiter.

Le Sgen-CFDT réclame un alignement de la prime de professeur·e principal·e en CAP sur celle de bac pro, une pondération de 1.1 pour la spécificité des publics et 1.25 en co-enseignement.

La charge des examens doit aussi diminuer. Les enseignant·e·s de lycées professionnels ont vu la charge des CCF augmenter avec la TVP. Ils·elles doivent aussi faire passer les examens aux jeunes des établissements privés. Cette charge pèse au quotidien sur leur mission et contribue à une souffrance au travail.

Une amélioration des PFMP plutôt qu’une augmentation de leur durée.

Il faut améliorer le fonctionnement actuel pour faciliter la recherche du « bon » stage. Les entreprises doivent jouer le jeu, et avoir la volonté d’accueillir les jeunes y compris ceux à besoins particuliers.
Les acteurs locaux comme la région, le département, la chambre des métiers ont aussi un rôle à jouer. Les partenariats école-entreprise doivent être facilités. Les temps de concertation doivent être reconnus.

Des moyens humains et adaptés pour répondre aux publics accueillis.

Le Sgen-CFDT réclame des équipes pluri professionnelles (AESH, infirmier.e.s, PsyEn…) pour répondre aux besoins des élèves et épauler au mieux les enseignant·e·s dans leur missions pédagogiques. Une attention particulière doit porter sur l’accueil de publics allophones.
Pour permettre un meilleur accompagnement des élèves en difficulté, notamment dans les enseignements généraux, le Sgen-CFDT demande davantage d’heures complémentaires. Mais, surtout, il demande le respect des grilles horaires dans l’attribution des DHG et leurs répartitions.

Des moyens financiers pour compenser la baisse de la taxe d’apprentissage.

Le Sgen-CFDT veut remettre les moyens là où ils sont nécessaires ce qui permettra d’offrir un enseignement de meilleure qualité aux élèves.
Il faut investir dans les LP pour sécuriser le parcours des élèves, trop jeunes pour s’insérer. Ces investissements permettront de proposer des mentions complémentaires, des FCIL, des habilitations, des certifications, l’accès au permis de conduire…