Mixité sociale, où en est-on ?

Depuis la circulaire de rentrée, le thème de la mixité revient régulièrement sans que le moindre groupe de travail ne se soit tenu alors que bruissent des annonces imminentes... Aussi, la FEP et le Sgen-CFDT ont été reçus en audience pour en savoir plus tant sur le fond que sur la méthode !

Mixité socialeCette audience était assurée par la Conseillère culture, mémoire et discours au cabinet du Ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse et par la conseillère en charge des ressources humaines, de la santé scolaire, du sport et de l’enfance.
Le Sgen-CFDT et la Fep-CFDT ont rappelé leur attachement à la mixité sociale au sein des établissements, convaincus que c’est de toutes les différences, dont fait partie la diversité sociale, que les élèves peuvent apprendre et devenir des citoyen·ne·s éclairé·e·s.

Pour une mixité sociale et scolaire

Si l’on ne peut que se réjouir que le ministère s’intéresse à cette question, nous avons fait clarifier le propos sur le terme de mixité car mixité sociale et mixité scolaire vont de pair pour nos organisations syndicales. Nous savons que des élèves familiers de la culture scolaire qui aident leurs pairs en difficulté tirent aussi parti pour eux-mêmes de cette activité.

Dans une déclaration commune FEP et Sgen-CFDT au CSE en novembre, nos syndicats ont fait des propositions pour agir sur cette ségrégation sociale. Depuis aucune consultation ou groupe de travail sur ce sujet ne s’est tenue.

Pour des discussions qui mettent en synergie tous les experts de notre ministère mais également les partenaires de l’école

Nous approuvons les pistes évoquées par le ministre par voie de presse ou devant les sénateurs début mars, à savoir la sectorisation, les sections d’excellence, les collèges multi-secteurs ou encore un renforcement de l’implication du privé, surtout dans les zones urbaines. Si elles sont retenues, il n’en demeurera pas moins que l’école seule ne pourra rien mais par contre que ce sont bien ses personnels qui seront en charge d’en assurer la garantie.

Les annonces sont suivies d’effets sur les conditions de travail des personnels de notre ministère que ce dernier se doit d’accompagner

Parmi les 10 % des secteurs scolaires ayant le taux de pauvreté le plus élevé, un sur cinq borde un secteur dont le taux de pauvreté est trois fois plus faible. Ces frontières de la carte scolaire pourraient donc être redessinées pour rééquilibrer la composition sociale entre les secteurs scolaires.
Aussi, nous avons réaffirmé que pour que chacun prenne sa part, seuls des projets éducatifs de territoire pouvaient permettre davantage de solidarité entre les établissements et rappelé notre proposition d’attribution des dotations des établissements d’un bassin de formation, publics comme privés, soient modulées en fonction de l’écart par rapport à l’IPS moyen du territoire.

Aussi, nos organisations ont-elles interrogé les conseillères du ministre sur la méthodologie et le calendrier de la mise en œuvre de ces pistes mais également sur l’engagement des autres partenaires de l’école dans cet objectif de mixité scolaire. Si l’on nous a assuré que les objectifs étaient partagés par les collectivités territoriales ou discutés en interministériel, nous n’avons pas obtenu de réponses sur un calendrier ou une méthode qui permettrait de les co-construire avec les partenaires de l’école mais également les familles.

La concertation citoyenne doit être au cœur des préoccupations pour co-construire les projets de re-sectorisation au bénéfice d’une plus grande mixité. Dans l’enseignement privé, une volonté des décideurs nationaux et locaux doit s’affirmer.

Nos fédérations ont rappelé que les conseils départementaux ne pourront agir seuls sur ce dossier, en actionnant l’unique levier de la carte scolaire.
Pour porter ses fruits à long terme, la démarche devra bien être menée conjointement avec l’ensemble des parties prenantes devant coopérer et agir en synergie : ville et métropole au titre du contrat de ville, l’Éducation nationale, l’enseignement privé, les enseignants, les parents d’élèves, les acteurs institutionnels et associatifs du monde éducatif et social, les élèves eux-mêmes.

Une démarche qui doit prendre en compte la diversité des territoires

Que ce soit dans le privé ou dans le public, les difficultés de mise en place de nouvelles procédures de sectorisation seront plus accrues dans les zones rurales.
Et si l’enseignement privé souhaite y prendre toute sa part, la Fep-CFDT interpelle le ministère sur l’implantation d’annexes dans les quartiers populaires qui ne seraient pas vectrices de mixité réelle entre les élèves au quotidien.
De la même manière le Sgen-CFDT a rappelé qu’au delà de la ségrégation de territoire, il fallait également être vigilant à ne pas reproduire une forme de ségrégation dans les établissements par le jeu des options ou des filières sélectives.

Le Sgen-CFDT comme la Fep-CFDT demandent la création de comité de pilotage dans chaque académie

Un renforcement de la formation des personnels et des moyens humains pour parvenir à l’objectif partagé

La mixité ne se décrète pas mais s’accompagne d’un travail de pédagogie adaptée et différenciée.
L’exemple de la sectorisation parisienne 1er acte le montrait bien. Il s’agissait de mixité sociale mais non scolaire, les élèves étaient certes boursiers mais parfaitement adaptés aux exigences scolaires et maîtrisaient les attendus de l’école.
La sectorisation acte 2 dans les lycées ou les expériences de collèges multi-secteurs ont bien montré que cela pouvait être plus complexe si cela ne s’accompagnait pas de formation des enseignants et des équipes éducatives mais également de moyens en dotation horaire d’enseignement et en moyens d’encadrement pour des projets pédagogiques adaptés.