Déclaration au Comité Technique Académique de Paris

Le Sgen-CFDT Paris était présent au dernier CTA qui s'est tenu le mardi 15 février 2022

Monsieur le Recteur, Monsieur le Directeur d’Académie, Madame la Secrétaire Générale, cher·e·s collègues,

Nous commencerons cette déclaration en rappelant de nouveau les attentes du Sgen-CFDT Paris sur la revalorisation des rémunérations pour tous les personnels de l’Education nationale. Depuis deux ans, la Covid 19 a lourdement impacté les conditions de travail. Pour amortir les effets de la pandémie, nos collègues s’épuisent et ne comptent pas leurs heures de travail qui vont au-delà de leurs obligations de service. La pandémie bouscule un système éducatif déjà fragilisé par la perte d’attractivité des métiers, par des suppressions d’emploi, inadaptées aux enjeux de l’accompagnement des élèves si l’on veut déjouer les inégalités et la reproduction sociale. Cela aboutit à des difficultés à pourvoir les postes, à assurer les remplacements, y compris des remplacements longs. Pour le Sgen-CFDT Paris, il est urgent de reconnaître financièrement l’engagement des personnels. Alors que l’inflation a été de 1.6 % en 2021 et que l’INSEE prévoit déjà une hausse de 2.7% pour 2022, la revalorisation des rému- nérations et des carrières doit se poursuivre, s’accélérer et s’intensifier. Nous demandons aussi que l’indemnité de résidence soit enfin réévaluée. Fixée à 3% du traitement brut depuis plusieurs décennies, elle est totalement déconnectée de l’évolution des prix de l’immobilier en Ile de France (+25,9 % sur les 5 dernières années selon l’indice notaire/INSEE).

Nous demandons également que la revalorisation des enseignants et des enseignantes soit plus indiciaire qu’indemnitaire car celle-ci induit des inégalités fortes de traitement. A ce sujet, nous désapprouvons la variabilité de l’attribution de la prime REP+ qui met en concurrence les écoles et les collèges et qui les sort d’une logique de réseau, même si les critères ont été mieux définis. Nous désapprouvons également l’exclusion de son attribution de certains personnels précaires tels les AED et les AESH.

L’exclusion des AESH de cette prime renvoie à nouveau à des problématiques de l’école inclusive. Pour la consolider – comme cela est préconisé dans les éléments de politique relatifs à la préparation de la rentrée 2022 – davantage reconnaître ces personnels en leur offrant une rémunération à la hauteur de leur engagement et de leur travail complexe d’accompagnement, aurait été bienvenu.

Toujours au chapitre des rémunérations nous vous informons qu’après la marche des essentiels du 3 février dernier, la CFDT appelle à la mobilisation le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Ce sera l’occasion de braquer les projecteurs sur les travailleuses essentielles pour une juste reconnaissance de leurs métiers par les employeurs publics et privés. Ces travailleuses subissent une double sanction : leurs métiers souffrent d’un manque de reconnaissance et sont marqués par une forte précarité. 82% des temps partiels sont occupés par des femmes et près de 60% des salarié·e·s payé·e·s au SMIC sont des femmes. Comme nous l’avons constaté avec l’étude du bilan social 2020, au sein de l’éducation nationale, cette réalité se retrouve pour les AED et les AESH (72.3% de femmes)

La rentrée de septembre 2022 sera, à nouveau, marquée par une baisse démographique dans les écoles publiques parisiennes (-2,7%). Le Sgen-CFDT Paris se félicite qu’aucun poste n’ait été supprimé. Mais il regrette que les impératifs du ministère soient très contraints et qu’il n’y ait aucune création de postes, alors que le virus de la Covid 19 continue à circuler et que les collègues font état de leur fatigue et des difficultés à enseigner dans de bonnes conditions. Depuis plusieurs années, Le Sgen- CFDT Paris n’a eu de cesse, de demander plus de moyens et il semblerait que la réponse apportée par le rectorat soit bien insuffisante pour réellement améliorer les conditions d’apprentissage de nos élèves et prendre en compte leur diversité dans une perspective d’école pleinement inclusive.

Malgré tout, nous notons que le dédoublement des classes des grandes sections dans les écoles REP et REP + a été mené jusqu’à son terme et que le plafonnement à 24 élèves dans les classes de GS, CP et CE1 hors éducation prioritaire sera effectif à la rentrée 2022. Le Sgen-CFDT Paris s’en réjouit mais espère que cette mesure ne se traduira pas, en contrepartie, par des classes surchargées en cycles 1 et 3.

Le Sgen-CFDT Paris prend acte que la stratégie académique consiste à compenser toute ouverture de classe par une fermeture. Il est très clair que cette stratégie est adoptée du fait de la dotation en postes « neutre » du ministère. Le Sgen-CFDT Paris a bien compris que l’achèvement de la mise en œuvre des mesures nationales des dédoublements et du plafonnement des effectifs dans les classes de GS, CP et CE contraint le rectorat à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Ces opérations répondent aux besoins de certaines écoles mais cela se fait au détriment d’autres.

En outre, il semble essentiel que ces ouvertures et fermetures soient réalisées en collaboration avec les équipes enseignantes, en prenant en compte la réalité du terrain et le contexte actuel. Elles créent des déséquilibres dans les équipes pédagogiques alors même que leur stabilité est primordiale, particulièrement après ces presque deux ans de pandémie.

Nous regrettions déjà, lors du CDEN de l’année passée, le caractère éphémère des 13 brigades « Plan maternelle ». Si ces remplaçant·e·s permettent à certain·e·s de nos collègues de partir en formation cette année, il n’en reste pas moins qu’ils et elles ont été affecté·e·s à titre provisoire. De surcroit, le nombre de postes de remplaçant·e·s prévu pour la rentrée prochaine semble encore insuffisant pour pallier les absences de collègues et favoriser la formation continue. Le Sgen-CFDT Paris déplore que ces postes de brigades ne soient pas pérennes et qu’il n’y ait pas plus de clarté dans l’attribution des ETP alloués à ces missions.

La priorité académique de renforcement de la formation des enseignant·e·s semble se concrétiser avec la création d’un certain nombre de postes de conseillers pédagogiques départementaux et de circonscription ainsi que l’augmentation du nombre de postes de maîtres formateurs à titre définitif qui est corrélée à l’augmentation des candidat·e·s à la formation CAFIPEMF. Le Sgen-CFDT Paris sera attentif aux modalités d’attribution de ces postes. En outre, la création de six postes de conseiller·e·s pédagogiques dans le numérique peut être propice à son développement sur l’académie de Paris. Les missions de ces CPC doivent être clairement définies et ne doivent pas être redondantes avec celles des enseignant·e·s référent·e·s pour les usages du numérique (eRUN).

Enfin, nous souhaitons que l’ensemble des parties prenantes aient une réflexion commune sur le dispositif d’accueil des enfants de moins de 3 ans et son éventuelle évolution afin d’en définir des missions précises.

Pour les années futures, le Sgen-CFDT Paris souhaiterait que la carte scolaire ne se résume pas à un redéploiement des moyens sur le terrain pour réellement répondre aux 3 priorités nationales et académiques.

Le Sgen-CFDT Paris vous remercie pour votre écoute et pour l’intérêt porté à ses interrogations et revendications.