Depuis de nombreuses années la place de la notation chiffrée est débattue à l’École et différentes manières d’évaluer ont émergé : les couleurs, les smileys, les feux, les échelles descriptives, les brevets, etc. Mais s’intéresser au comment ne nous fait-il pas oublier le pourquoi ?
Le travail par compétences : amorcer les réflexions d’un collectif
Le constat de nombreux échecs de nos élèves face aux évaluations normatives et l’évolution chaotique de l’évaluation du socle commun ont accentué l’intérêt pour le travail par compétences. Ce travail ouvre à des questions : quelle est l’activité réelle d’apprentissage d’un élève ? Que mobilise-t-il pour apprendre ? En quoi mon enseignement va-t-il l’aider à développer certaines compétences, à faire des liens, à évoluer en groupe, à « aller vers »… ? Quelles compétences un élève doit-il acquérir dans ma discipline ? Quelles compétences travaille-t-il ailleurs ? Etc.
Construire des repères d’acquisition au regard des compétences visées, et des capacités des élèves…
Une invitation à expliciter nos objets d’enseignement, à cibler les compétences travaillées, à imaginer leur acquisition dans un cursus, avec une approche plus spiralaire, à donner de la place à un travail de recherche, de construction par l’élève de ses propres savoirs… Une invitation à construire des repères d’acquisition au regard des compétences visées, et des capacités des élèves (capacités cognitives, sociales, affectives, motrices…).
Travailler par compétences, et donner des repères aux élèves : sur leur progression et/ou leur positionnement par rapport à une norme extérieure ?
Le travail par compétences peut donc être vu comme une opportunité de questionner notre regard sur l’élève et son activité d’apprentissage. En corollaire, il invite à questionner son enseignement et ce que chacun met derrière les termes d’acquisition, de réussite. Ainsi, noter ou pas n’est sans doute pas la question qui doit guider la réflexion.
Noter ou pas n’est sans doute pas la question qui doit guider la réflexion. Il faut d’abord s’interroger sur les repères que l’on souhaite donner…
L’école peut permettre à l’élève de se confronter à des expériences, des savoirs, des rencontres, qui vont l’engager dans l’apprentissage. Elle va pour cela lui donner des repères dans son chemin d’acquisition. L’école est aussi aujourd’hui celle qui va trier, classer, rejeter, orienter…. Et elle va pour cela donner des repères. Quelles que soient les modalités d’évaluation, il nous semble alors intéressant de nous demander quel va être ce repère : l’endroit où l’élève est rendu dans son cheminement ou la norme attendue à tel ou tel âge ? Deux conceptions sont en jeu.
Sur quelle réussite l’École se fonde-t-elle ?
Questionnons ce que nous mettons derrière les termes de réussite, d’échec, d’erreur… Ce que l’on attend de l’École… Ce que l’on voit en l’élève… Ce que l’on pense enseigner, évaluer… Confrontons nos conceptions, aspirations, et regardons nos propres difficultés à avancer sur ce qui semble nous tenir à cœur…
Ensuite, viendront les questionnements sur les modalités d’évaluation : est-ce intéressant d’homogénéiser les pratiques et produits finis dans une équipe ? Est-ce intéressant de garder une continuité avec le premier degré ? Quelle modalité de rendu semble la plus en adéquation au regard des objectifs visés ? Comment expliciter la signification de ces modalités aux élève, aux familles ? Quel retour qualitatif explicite accompagne la note, le degré d’acquisition, la lettre…
On peut alors se demander si l’on ne consacre pas trop souvent notre énergie à nous opposer sur ces modalités d’évaluation (notes, lettres, couleur…), ou à nous y conformer, au lieu de la consacrer à nous interroger sur ce qui pourrait être la boussole commune de l’École et ce qui nous empêche de cheminer.