Évaluations d’école : ça commence mal !

Le dispositif d’évaluation des écoles se déploie dans la confusion la plus complète en raison notamment de la présence parallèle des débats sur le Conseil National de la Refondation. Pour le Sgen-CFDT, il faut sortir de ce flou et se cantonner uniquement à la phase d’auto-évaluation.

évaluations d'écoleInformations contradictoires, injonctions, reports, hétérogénéité de l’information et des outils proposés, si le dispositif d’évaluations d’école peut présenter de l’intérêt pour les équipes pédagogiques, sa mise en œuvre s’effectue dans beaucoup de départements dans la confusion la plus complète.

Pour le Sgen-CFDT, si l’objectif du dispositif est bien de permettre aux équipes pédagogiques de s’interroger sur leurs points forts, leurs marges de progrès et les objectifs et actions à développer pour y parvenir, sa mise en oeuvre doit leur laisser une totale autonomie, se cantonner à la phase d’auto-évaluation et leur offrir la possibilité d’être accompagnées par les CPC lorsqu’elles le souhaitent.

Évaluations d’école : des informations contradictoires selon les territoires

Le Conseil d’Évaluation de l’Ecole définit des consignes de mise en œuvre claires (cadre d’évaluation, guide d’auto-évaluation des écoles). Les remontées qui nous parviennent illustrent pourtant des réalités bien différentes d’une académie à l’autre, d’un département à l’autre, voire d’une circonscription à l’autre. Dans certaines académies, le DASEN a désigné les écoles, dans d’autres, on fait appel au volontariat, dans d’autres encore, aucune école n’est encore désignée et les IEN attendent le mois de janvier.

Une grande confusion qui compromet la mobilisation des équipes pédagogiques qui voient dans ce dispositif une énième commande institutionnelle dont elles ont bien du mal à percevoir l’intérêt pour leur école . Si l’on ajoute à cela le flou entretenu depuis l’annonce par le Président de la République du lancement de débats dans les écoles dans le cadre du Conseil National de la Refondation, plus personne ne sait quoi faire.

Pour le Sgen-CFDT, il est urgent de clarifier la situation, de former et informer les équipes et de les accompagner dans la démarche sans contraintes inutiles.

Des équipes d’évaluateurs externes dont la composition étonne

Si la temporalité et les modalités de mise en œuvre de la phase d’auto-évaluation questionne, la composition des équipes d’évaluateurs externes dont les observations doivent compléter celles des équipes d’école suscite l’inquiétude de beaucoup de collègues qui s’interrogent sur la présence de personnels de direction du second degré.

Pour le Sgen-CFDT, syndicat général, le regard extérieur d’un personnel de direction associé à celui d’autres professionnels plus proches du 1er degré (Directeurs ou directrices, IEN, CPC…) n’est ni illégitime ni sans intérêt. La présence de personnels du 1er degré dans les équipes d’évaluateurs extérieurs qui interviennent dans le cadre du dispositif d’évaluation équivalent en cours dans les collèges ou de lycées serait sans doute aussi un plus.

Reste que la constitution d’équipes d’évaluateurs externes uniquement composées de personnels en lien direct avec les écoles pourrait rassurer les collègues que ce dispositif nouveau inquiète déjà suffisamment.

Si on ne change pas de méthode, les évaluations d’école n’auront pas de sens

Le volontariat des équipes réclamé par le Sgen-CFDT n’est pas respecté par certaines directions académiques. Certaines équipes se voient imposer un calendrier sans réelle connaissance préalable des tenants et aboutissants de cette évaluation. Au final, beaucoup d’enseignants n’y voient qu’une injonction, avec un pilotage infantilisant qui ne pourra qu’être mal vécu.

le Conseil d’Évaluation de l’École a pour objectif de proposer aux équipes de s’interroger sur :

  • leur fonctionnement général et leur organisation,
  • leurs actions pédagogiques et éducatives et leur impact sur les acquis des élèves et leur bien-être,
  • la vie qu’elle propose aux élèves et aux personnels,
  • la place dévolue aux parents,
  • les liens tissés avec son environnement.

Une auto-évaluation qui doit permettre d’identifier des axes de développement, un plan d’actions et des besoins de formation.

Une démarche originale qui n’aura d’intérêt que si l’on fait confiance aux équipes pour l’organiser. Un dispositif qui demande du temps, de l’accompagnement et qui n’aura de sens que si les besoins exprimés sont suivis d’effets.

Pour le Sgen-CFDT, cette évaluation doit être la base de la rédaction du projet d’école. Aujourd’hui, il est souvent conditionné par des commandes académiques qui ne permettent plus aux équipes de se fixer les priorités d’action qu’elles jugent nécessaires pour la réussite de leurs élèves, compte-tenu de leurs contingences et de leur environnement propre.

La problématique du statut de l’école

Pour le Sgen-CFDT, le nouveau dispositif d’évaluation d’école semble marquer (enfin) la volonté de considérer chaque école comme une unité pédagogique autonome.

Les difficultés rencontrées pour sa mise en œuvre illustrent une nouvelle fois les limites de l’absence de statut de l’école. Une fois de plus, la capacité d’initiative des équipes est bridée par un pilotage extérieur qui témoigne d’un manque de confiance au professionnalisme des professeurs des écoles y compris pour la phase d’auto-évaluation.

De la même manière, les préconisations et besoins exprimés à l’issue de ces évaluations risquent de se heurter à l’absence de marges de manœuvre des écoles… Quelles seront les réponses données aux besoins de formation, de temps, de moyens financiers et humains, alors que les écoles ne disposent d’aucune autonomie dans ces domaines ? Quelles sont les chances d’obtenir des équipements nouveaux ou de construire des partenariats innovants alors que toute décision de l’école dans ces domaines dépend du bon vouloir de la collectivité locale et de l’autorité hiérarchique de référence ?

Pour le Sgen-CFDT, donner plus d’autonomie aux écoles est une urgence. C’est pourquoi nous demandons la publication des décrets d’application de la loi Rilhac qui doivent déléguer de nouvelles compétences aux directeurs et directrices d’école et une réflexion sur la création d’un statut d’établissement public du premier degré.

Les pratiques étant très différentes d’un département à l’autre et afin d’avoir un retour le plus fidèle possible pour agir syndicalement, vous pouvez donner votre avis en utilisant ce formulaire…