Choix des spécialités par les élèves : si et seulement si les moyens sont à la hauteur !

Le ministre a réaffirmé qu’il n’y aurait pas de "triplettes" imposées par les établissements, mais un choix "accompagné" de spécialités, par les élèves. Or la mise en œuvre de ce principe implique des moyens conséquents.

Une obligation de moyens pour créer des groupes en nombre suffisant

Pour que le choix des spécialités soit laissé aux élèves (et à leurs familles), les établissements doivent organiser les emplois du temps à partir du choix des élèves, et non en amont,  avec des combinatoires préalables imposées par classe. Mais cela nécessite donc d’obtenir des moyens  pour créer plus que trois groupes de spécialités par division de 1ère. Or la marge horaire de 8 heures ne peut pas être consacrée uniquement à cela, puisqu’elle doit permettre d’améliorer le taux d’encadrement (dédoublements / groupes à effectifs réduits), mais aussi de mettre en place l’accompagnement personnalisé et l’accompagnement à l’orientation.

Et pourtant aucune précision n’est donnée sur les moyens DHG à ce jour

  • Ni sur la hauteur du financement des spécialités : les seules réponses sur ce sujet sont qu’il n’y aura pas de seuils imposés par le ministère pour ouvrir une spécialité, mais que cela se décidera par le « dialogue » entre les lycées et le rectorat. Selon les « spécificités » de l’établissement, les spécialités pourront être offertes à des groupes d’élèves plus ou moins nombreux.

Ce genre de réponse constitue plutôt une « non-information » voire un transfert des difficultés sur le local. Elle ne permet en aucun cas aux divers acteurs de préparer la prochaine rentrée, ni de s’y projeter sereinement.

  • Ni sur le financement des options et des mesures « dérogatoires » (de type Abibac, sections européennes…). Si l’on sait que les options feront l’objet d‘une nouvelle carte, arbitrée par les rectorats, on ne sait pas si ce sera l’occasion de remettre à plat leur financement : combien de groupes, quelles options… En effet les pratiques actuelles ont surtout consisté à reconduire l’existant, sans forcément se préoccuper réellement du maillage territorial. Cette réforme pourrait être l’occasion d’allouer les moyens de façon plus transparente.

Quel sens donner au choix des spécialités par les élèves ?

Non seulement la réforme se met en place sans toutes les informations nécessaires (moyens, programmes, outils de simulation, formations…),  mais en plus le ministère ne donne de précisions que sur les éléments de procédure. Pourtant, s’il impose une réforme, c’est bien pour résoudre des manques dans la situation actuelle : en quoi les élèves seront-ils mieux préparés au post-bac en ayant suivi  2 spécialités en terminale plutôt que les enseignements liés à une série ?

Qu’est ce qui fera la pertinence d’un parcours ?

Qu’est ce qui fera la pertinence d’un parcours : les résultats juxtaposés de chaque spécialité à l‘épreuve terminale, ou la pertinence du choix de 3, puis 2 spécialités pour se préparer à un cursus post-bac ? Y aura-t-il égale dignité pour chacune des spécialités ? Ou bien y aura-t-il comme aujourd’hui avec la filière S, des choix plus « utiles » que d’autres ?  Les apprentissages transversaux, réalisés dans les enseignements communs et dans chacune des spécialités, seront-ils une « assurance » suffisante pour réussir des études post-bac ? Quels éléments seront valorisés dans Parcoursup ? Les notes des seules spécialités de terminale ? de première ?

Cette réforme, dépourvue de sens et d’objectifs, ne génère actuellement que des inquiétudes légitimes pour les personnels, les élèves et leurs familles.