Maternelle, une école en danger ?

Le Conseil Supérieur des Programmes vient-il de publier une « Note d’analyse et de propositions sur le programme d’enseignement de l’école maternelle », justifié par l’application de la loi pour une École de la confiance du 28 juillet 2019 rendant instruction obligatoire à partir de 3 ans.

Pour rappel, le ministère lui-même admet que 97% des enfants sont déjà scolarisés en maternelle.

Les programmes de l’école maternelle publiés en 2015  font  largement consensus au sein de la communauté éducative.
La lecture de cette note, nous confronte à une série de contradictions et le seul domaine que Jean-Michel Blanquer n’a pas encore saboté semble désormais en danger.
La note met en avant que l’enjeu de l’école maternelle se trouve déterminé par la réussite des évaluations CP… tout en affirmant qu’elle n’est pas « l’antichambre de l’école élémentaire ».

Les fondamentaux

De fait, elle s’intéresse principalement au français, mathématiques, sciences et technologies. Pas une ligne sur les activités artistiques et physiques ! Pas une ligne sur le développement global de l’enfant, sur la place du corps dans les apprentissages, sur les activités artistiques, sur la créativité…
Même si on peut y lire :« L’école maternelle est, en effet, l’école de l’épanouissement et du développement affectif et social de l’enfant. Elle offre ainsi à chaque enfant, considéré dans sa singularité, un cadre propice pour qu’il satisfasse son goût d’apprendre, devienne peu à peu un élève et aborde, dans les meilleures conditions, les premiers savoirs et savoir-faire scolaires. », ça ne correspond pas du tout au contenu global de cette note, qui semble rédigée à base de copier coller qui se contredisent souvent.

Les élèves de maternelle vont être plongés dans des apprentissages recentrés sur les fondamentaux, via des exercices répétitifs, des « automatismes » et du « bachotage » qui tuent l’essence même de l’école maternelle et les transforment en robots à apprendre… avec cette crainte de faire de l’école maternelle une petite école élémentaire. On trouve d’ailleurs une dizaine de fois le terme « période scolaire pré élémentaire » pour évoquer l’école maternelle.

Fin de l’évaluation positive

L’évaluation positive des programmes de 2015, qui permettait d’avoir un regard bienveillant sur l’élève, disparaît et on préconise désormais des évaluations dès 3 ans. Une sorte de bilan de compétences à l’entrée en maternelle…à 3 ans !

En 2019, Viviane Bouysse, Inspectrice générale honoraire, et spécialiste de la maternelle mettait en garde contre une école qui serait uniquement centrée sur les seuls apprentissages scolaires comme en école élémentaire et s’interrogeait  : « Comment l’objectif des apprentissages peut-il s’opérationnaliser sans nuire au bien-être de l’enfant ? ». Elle rappelait les deux logiques existantes :
– la logique des programmes de 2015 « Qu’est-ce que c’est qu’un enfant qui arrive à l’école maternelle ? ». Comment, en prenant en compte ce qu’il est, ce qu’il peut, ce qu’il sait, ce qu’il peut faire, on s’organise pour le rapprocher des objectifs optimaux de la fin de la grande section ?
– la logique descendante, c’est-à-dire que l’on part de l’exigence qui s’applique à l’enfant de CP et que l’on redescend vers la GS, la MS et la PS.
C’est malheureusement cette second logique qui inspire actuellement le Conseil Supérieur des Programmes.

Et la formation ?

Enfin, si on peut y lire l’importance de la coopération enseignants/ATSEM (revendication du Sgen-CFDT), rien n’est évoqué dans la note quant à la formation initiale des professeur.e.s des écoles concernant l’école maternelle. Grande absente du programme des INSPE.

 

Pour mémoire :

Les revendications du Sgen-CFDT

L’école maternelle par celles et ceux qui la font vivre