Évaluation en 6ème : quelles implications pour les équipes ?

Annoncée sans concertation préalable quelques jours avant la rentrée, l'évaluation nationale en 6ème va devoir être organisée dans chaque collège par les équipes pédagogiques au retour des vacances de la Toussaint.

Cette évaluation arrive après les évaluations en CP, qui ont été vécues par de nombreux professeurs des écoles comme un fiasco.

Quelles modalités pour cette évaluation?

Un dispositif national évaluation sur support numérique

L’évaluation se déroule entre le 6 novembre et le 1er décembre pour tous les élèves de 6ème. Elle est entièrement réalisée sur support numérique, via une plate forme en ligne. Elle est composée de deux épreuves de 60 minutes chacune : une en français, une en mathématiques. Chaque séquence comporte cinq blocs d’exercices, qui se référent au programme du cycle 3. La correction est entièrement automatisée.

Une mise en oeuvre locale

Support numérique, correction automatisée, est-ce à dire que les équipes ne seront pas mises à contribution ? Il appartient à l’administration de chaque établissement de mettre en oeuvre l’organisation pratique des évaluations : occupation de la salle informatique, communication en direction des familles, réunion pour informer les enseignants concernés…  Seront sollicités au moins le professeur référent numérique, les professeurs de français et professeurs de mathématiques. Il faudra être en mesure d’accompagner les élèves dans l’utilisation de l’application : connexion, menus déroulants, choix multiples, validation d’écran, etc.

Pourquoi le dispositif n’est-il pas convaincant?

Témoignage d’un professeur principal de 6ème dans un collège REP, qui s’interroge sur la pertinence de ce dispositif pour les équipes pédagogiques et pour les élèves.

Utilité très relative d’un diagnostic en novembre

Nous n’avons pas attendu le mois de novembre pour faire un diagnostic de la classe. Dans le cadre du conseil de cycle 3, les enseignants de CM2 nous ont donné dès le mois de juin une image assez précise des élèves entrant au collège. Pour certains élèves, les enseignants ont rédigé des PPRE « Passerelles » pointant les compétences fondamentales non acquises, notamment en français et en mathématiques. Les professeurs de 6ème ont ensuite affiné ces diagnostics dans les premières semaines de l’année, en observant les élèves lors des différentes activités du cours. De même, nous n’avons pas attendu pour proposer des aides spécifiques aux élèves les plus en difficulté : différenciation, méthodologie dans le cadre de l’AP, incitation à participer à l’aide aux devoirs, inscription au dispositif D’COL, ateliers de Français Langue Seconde, prise en charge par le LATI, etc.

Un dispositif peu utile pour les enseignants, nuisible à certains élèves

Le mode de passation des évaluations nationales les fait ressembler à des évaluations sommatives, génératrices de stress. Les élèves de REP et leurs familles n’ont pas besoin qu’on leur mette la pression avec un examen dès la 6ème. A contre courant d’une évaluation positive, les élèves les plus fragiles risquent de voir pointés essentiellement leurs échecs. Ils continueront l’année renforcés dans leur perception négative d’eux même : « Je suis nul ! Je ne comprends rien ! Je n’y arriverai jamais ! ».

Pour le Sgen-CFDT, le dispositif comporte des contradictions internes peu compatibles avec l’objectif affiché et le discours sur l’école de la confiance…