Après la reprise, s’emparer de ce qui s’est passé

La période anxiogène que nous vivons peut aussi être source de progrès avant tout pour les élèves. En quoi la période post-confinement pourrait-elle faire évoluer l'École ? Pour le Sgen-CFDT, il faudra tenir compte du vécu des acteurs pour aller de l'avant.

La continuité pédagogique entre l’école et la famille s’est mise en place partout sur le territoire malgré des débuts quelque peu chaotiques liés notamment au décalage entre la communication ministérielle et la réalité.

La maison, ce n’est pas l’école !

Parce que l’école à la maison n’est pas l’école, que les parents ne sont pas là pour remplacer les enseignant·es, les attendus en matière d’apprentissages pour les élèves doivent forcément être revus et adaptés. Ainsi difficile, voire impossible, d’aborder des notions nouvelles dans ces conditions.

Cela risquait d’ailleurs de creuser encore plus les inégalités dans une école française qui est déjà championne en la matière. Pas de culpabilisation à avoir, à la reprise, beaucoup d’enseignant·es vont devoir personnaliser leurs propositions pour remédier aux difficultés que certains élèves peuvent rencontrer. Un grand nombre d’entre eux le faisaient déjà !

Travailler en cycle pour construire les parcours d’élèves

Ainsi, les programmations annuelles qui avaient été préconisées et mises en place pour la classe ont été remises en question. Ce n’est pas la programmation du CNED, inadaptée dans la plupart des cas aux réalités des classes qui peut servir aujourd’hui de base aux collègues. Ce ne sont pas non plus les repères annuels donnés notamment au cycle 2 à travers le livret orange que les collègues vont pouvoir utiliser.

L’acquisition des compétences du socle commun doit plus que jamais être pensée au sein du cycle.

Il va donc falloir laisser place à un travail sur une durée plus longue et remettre en exergue le travail de cycle. Les enseignant·es vont devoir travailler ensemble pour programmer sur le cycle les notions qui n’auront pu être vues du fait de cette crise sanitaire.

Pour le Sgen-CFDT, la sortie du confinement sur le plan pédagogique devra être progressive pour l’élève. L’accompagnement de chaque élève nécessitera un travail d’équipe au sein du cycle. Il faudra donner du temps aux équipes pour asseoir ce travail qui permettra de n’oublier aucun enfant sur le bord de la route et de construire des parcours individualisés.

Des relations nouvelles avec les familles

Mais au-delà de ces considérations purement pédagogiques, la continuité pédagogique aura été marquée pour de nombreux enseignants par le tissage de relations différentes avec les familles.  L’enjeu éducatif est primordial et on peut légitimement penser que cette période aura permis de reposer la question de la coéducation. En effet, les enseignant·es ont été nombreux à nouer une relation de proximité nouvelle avec les familles autour du travail scolaire de leur enfant. Le Sgen-CFDT a recueilli de nombreux témoignages en ce sens.

Une fois cette période passée, difficile de concevoir un retour à l’école à l’identique de ce qui se passait avant. Beaucoup de familles auront en tête le travail quotidien des enseignant·es pour leur enfant et des enseignant·es auront noué des relations privilégiées avec certaines familles et ce quel que soit le quartier. Ces relations devront permettre de bâtir une école respectueuse des différences et moins centrée sur le transfert de savoirs.

Relations IEN – enseignants et directeurs

Au delà de ce lien famille-enseignant, d’autres lignes ont bougé et notamment les relations entre les équipes de circonscription, les IEN et les enseignants, en priorité avec les directeurs et directrices d’école. Souvent vécues comme des injonctions, ces relations doivent évoluer vers une collaboration, une complémentarité nouvelle. Les enseignant·es ont démontré leur capacité à s’organiser et à prendre des initiatives, il faut que leurs relations avec les IEN s’appuie sur une confiance mutuelle même en fonctionnement ordinaire de l’École.

C’est bien dans un plus grand respect que chacun a pu trouver sa place. Pour le Sgen-CFDT, il est clair que les questions de l’évolution de la direction d’école, de la collaboration entre acteurs éducatifs dans le cadre d’une dynamique territoriale se poseront encore davantage après la fin du confinement.

Reconnaître le travail de chacun

La période actuelle, si elle est très pénible pour beaucoup de raisons, avant tout en matière de santé, devra être analysée. Si l’on voit bien que la place du numérique sera renforcée, il sera nécessaire de mieux accompagner les changements. On peut espérer que tout ne sera plus comme avant. En tout cas, le Sgen-CFDT le souhaite notamment par la reconnaissance du rôle de chacun·e, par l’émancipation des personnels que notre syndicat réclame depuis fort longtemps, par une confiance et une autonomie nouvelle accordées aux acteurs de terrain.