Après l'émotion qui a secoué la profession, le Ministre a effectué un certain nombre d'annonces pour la direction d'école. Celles-ci ne sont cependant pas à la hauteur des attentes des directeurs et directrices d'école.
Le suicide de Christine Renon a provoqué un émoi très important au sein de la profession, et notamment chez les directrices et directeurs d’école qui se sont beaucoup reconnus dans la lettre qu’elle a écrite. Face à cette situation, cette urgence, le Ministre a effectué quelques annonces le 3 octobre dernier. Pour le Sgen-CFDT, qui avait obtenu l’inscription de la direction d’école à l’agenda social 2019, ces mesures, si elles ont le mérite d’exister, ne peuvent pas soulager les directeurs et directrices d’école.
Création d’un comité de suivi direction d’école
La principale mesure annoncée est la création d’un comité de suivi pour échanger sur la direction d’école et les difficultés rencontrées par les personnels pour exercer leur métier sereinement. Ce comité, qui sera composé de représentants syndicaux et de directeurs et directrices d’école sollicités par le Ministère, aura pour tâche de faire un état des lieux de la profession et de proposer des solutions. Mais il s’agira aussi de trouver un consensus entre les organisations syndicales sur notamment la pertinence d’un statut.
Le Sgen-CFDT se saisira évidemment de ce comité pour porter ses propositions construites grâce aux rencontres effectuées partout sur le territoire. Il est cependant dommage que le Ministère n’ait pas utilisé l’agenda social initialement prévu pour avancer plus tôt des solutions. D’autre part, les directeurs et directrices ont besoin urgemment de solutions pour les soutenir dans leur métier. Pas sûr que ce comité puisse apporter des propositions à court terme tant les partenaires sociaux ont des positions différentes sur la question de la direction d’école…
Une enquête en direction de tou·te·s les directrices et directeurs
Le Ministre a d’autre part annoncé l’envoi d’une enquête à l’ensemble des directeurs et directrices. Objectif annoncé : recueillir les témoignages de la profession pour permettre de réfléchir aux solutions. Ce sera sans aucun doute la possibilité donnée aux personnels de faire remonter la réalité de leur métier. Pour le Sgen-CFDT, permettre à la profession de s’exprimer est très important et il convient que chacun s’en empare. Reste à ce que les remontées se fassent directement et ne soient pas filtrées par les différents niveaux hiérarchiques avant d’arriver sur le bureau du Ministre.
Des solutions existent, elles doivent devenir une priorité
Combien de directeurs et de directrices évoquent aujourd’hui les injonctions, la difficulté de tout faire dans la précipitation, le temps qui manque et surtout la non-reconnaissance de leur métier… Donner plus de temps dans toutes les écoles, c’est avoir l’assurance d’une plus grande sérénité pour effectuer les nombreuses tâches. Mais cela ne suffira pas. Il faut également passer par une meilleure reconnaissance qui peut se concrétiser par une revalorisation de l’indemnité allouée. Rappelons que cette indemnité est d’environ 7 % supérieure à celle d’un adjoint, une aumône eu égard aux responsabilités qui n’ont fait que croître ces dernières années (on constate un écart de 41 % dans les autres pays de l’OCDE).
Statut de l’établissement et statut du directeur : tout est lié
Pour le Sgen-CFDT, réfléchir au statut du directeur, de la directrice, c’est mener de front aussi la réflexion sur le statut de l’école. Les deux sont fortement liés, car comment imaginer un statut du pilote sans statut de l’établissement qu’il va diriger, sans structuration des instances internes de décisions, sans implication de l’ensemble des acteurs de la communauté éducative. Le Sgen-CFDT a des propositions claires grâce à la réflexion menée avec les personnels. Le statut d’établissement public du premier degré doit voir le jour et le directeur, la directrice doit pouvoir bénéficier d’un statut d’emploi fonctionnel pour exercer pleinement son métier et les responsabilités qu’il ou elle possède déjà. Ce statut d’établissement, c’est aussi garantir aux adjoints la possibilité de peser sur les décisions et donc moins subir les injonctions permanentes dont les personnels sont souvent victimes. Il convient donc de mener une réflexion globale sur l’organisation du système éducatif dans le premier degré. Chaque personnel est important, chacun·e doit pouvoir trouver sa place. Le professionnalisme des enseignant·es, des directeurs, des directrices doit être reconnu.
Le Sgen-CFDT attend donc du Ministre un engagement politique fort pour déboucher demain sur un mieux-être des personnels car encore une fois, le statu quo n’est plus possible !