Le Sgen-CFDT Paris était présent au CDEN du lundi 11 février.
La France est un des seuls pays européens à avoir fait le choix de maintenir ses écoles et ses collèges ouverts alors que le virus et ses variants contaminent progressivement la communauté éducative. Ce surinvestissement, entrepris en vue de maintenir l’enseignement en présentiel dans ces établissements, continue de mettre les équipes en tension. Il oblige également, sur le terrain, à trouver dans l’urgence des adaptations qui ne sont ni viables ni réellement protectrices. L’anxiété monte, au sein des personnels, face à une gestion incohérente de la crise sanitaire où il est fait appel à la responsabilité de chacun·e et à un recours systématique au télétravail dans d’autres secteurs ainsi qu’un enseignement hybride dans les lycées.
A l’heure où la pandémie est toujours forte et où les incertitudes demeurent concernant l’évolution des mesures sanitaires, le Sgen-CFDT Paris espère que la dotation supplémentaire de 10 postes dans le 1er degré pour la rentrée prochaine permettra d’améliorer les conditions de travail des professeur·e·s. Or, cela ne semble pas être le cas à la lecture du projet reçu concernant les mesures de carte scolaire pour la rentrée 2021. En effet, nous constatons aujourd’hui et depuis plusieurs semaines déjà – constat partagé également par l’administration – une tension au niveau des remplacements sur l’académie de Paris liée essentiellement à la pandémie que nous vivons. Le manque de remplaçant·e·s est criant cette année, même si cette situation avait déjà été rencontrée les années précédentes. Pour faire face à ces manques, certaines circonscriptions réquisitionnent les membres du RASED. Pour le Sgen-CFDT Paris, c’est intenable et nous souhaitons réaffirmer la position administrative de ces personnels, essentiels à la compensation des inégalités qui se sont considérablement creusées, avec la situation sanitaire que nous connaissons. Nous craignons une pérennisation de la pénurie de remplaçant·e·s au regard de la dotation inexistante d’ETP affectés aux remplacements sur des postes définitifs.
Par ailleurs, les membres du RASED sont au cœur de l’Éducation prioritaire qui connaît un chantier d’une grande ampleur. L’existence des REP et REP+ dans l’académie est positive pour le Sgen-CFDT Paris. En revanche, l’IPS aujourd’hui utilisé dans le cadre de la carte scolaire ne doit pas remplacer les mesures actuellement associées à l’Éducation prioritaire, avec l’arrivée de la réforme. N’oublions pas que l’écart-type est très important, à Paris, entre les quartiers favorisés et ceux qui le sont moins. Il convient de garder à l’esprit la réalité parisienne, le constat étant que l’IPS le plus bas de l’académie est aux alentours de 87. Il faut également rappeler que l’académie de Paris est la plus ségréguée de France.
Parallèlement à sa préoccupation relative à l’Éducation prioritaire, le Sgen-CFDT Paris souhaite mettre en exergue la situation de l’éducation inclusive. Aujourd’hui, ce sont 61% de professeur·e·s des écoles qui sont affecté·e·s sans CAPPEI en ULIS école. Cela n’est acceptable ni pour les élèves en situation de handicap, ni pour les enseignant·e·s eux·elles-mêmes, qui ne l’ont pas choisi. On ne peut d’ailleurs prétendre à « une école pleinement inclusive en 2022 » sans développer chez l’ensemble des personnels les compétences nécessaires à cette inclusion. Le Sgen-CFDT continue donc de demander des formations in situ des équipes et il se réjouit que la formation initiale des enseignant·e·s comporte désormais un volet de 25h sur l’éducation inclusive. Des formations sur la co-intervention des enseignant·e·s et des AESH seraient aussi les bienvenues dans l’académie de Paris.
Concernant à présent la répartition des postes dans l’académie pour la rentrée 2021, le Sgen-CFDT Paris souhaite limiter, autant que faire se peut, le jeu des transferts d’ouvertures et de fermetures de classes. Il ne faudrait pas « déshabiller Paul pour habiller Jacques ». Or, l’état actuel du projet ne semble pas traduire une telle limitation des transferts, étant donné que le nombre de fermetures de classes s’annonce relativement important, comparativement au nombre d’ouvertures. Ces multiples ouvertures et fermetures engendrent un déséquilibre des équipes et impliquent une cascade d’opérations qui ne sont pas des plus simples. Toutefois, nous soulignons le fait que ces opérations seront moins nombreuses cette année, par rapport aux années précédentes. La stabilité des équipes joue un rôle primordial dans l’accompagnement des élèves, surtout à la suite de nombreux changements liés à la mise en place de protocoles sanitaires successifs, comme en témoigne notamment le dernier protocole entré en vigueur le 8 février.
De plus, le plafond des effectifs des classes de grande section, de CP et de CE1, fixé à 24 élèves, hors éducation prioritaire, ne doit pas constituer par ailleurs une surcharge des effectifs sur les autres niveaux, notamment en CM2 où les élèves ont besoin d’un suivi renforcé pour accompagner leur entrée en classe de 6e.
Le Sgen-CFDT Paris souhaite également souligner l’avancement du dédoublement des classes de grande section dans l’académie de Paris. Ce sont déjà 70% des classes en REP et REP+ qui sont dédoublées. Mais cette priorité nationale ne doit pas être un prétexte pour mettre sur ces classes une majorité de moyens alloués à l’académie. Nous devons également trouver un équilibre entre ouvertures de postes et plafond des effectifs.
Pour finir, nous constatons que la scolarisation des élèves de moins de trois ans s’essouffle dans l’académie avec une dotation unique d’un poste. L’académie de Paris se positionne à la dernière place dans l’Hexagone en termes de pourcentage de scolarisation des élèves de moins de trois ans. Quelle direction souhaite prendre l’administration sur ce dispositif et quels objectifs se donne-t-elle ? Va-t-on vers une dynamique ou plutôt une stagnation ? Ces questions se posent, même si les modes de garde diversifiés sur notre territoire permettent d’accueillir ces élèves.
Par ailleurs, un autre constat est partagé : celui d’un pourcentage élevé de scolarisation des élèves de moins de trois ans dans l’ouest parisien. Ne faudrait-il pas mettre l’accent sur les quartiers sensibles ? Les enfants de moins de trois ans des familles de ces milieux populaires ont un besoin important de scolarisation, afin que ces élèves bénéficient d’un cadre et d’une instruction propres à contribuer au bon développement de leurs capacités. Ce serait une réelle plus-value pour l’est parisien. Mais nous avons bien conscience que cela demande des moyens humains, des locaux et du matériel.
Le Sgen-CFDT Paris vous remercie pour votre écoute et votre attention.