AESH Référente PIAL, Laëtitia Cardot nous parle de ses missions.

Parlons travail revient avec Laëtitia Cardot AESH référente PIAL en Franche Comté. Elle témoigne de cette nouvelle mission à mettre en oeuvre sur tout le territoire pour accompagner les AESH dans leur quotidien tout en aidant des élèves dans son collège.

Laëtitia est AESH depuis 2009 et en CDI depuis 2015. Ayant toujours travaillé au sein d’un dispositif ULIS, elle a accepté en janvier 2020 de devenir AESH référente de plusieurs PIAL. Elle travaille au Collège Mozart de Danjoutin dans le Territoire de Belfort.

En quoi tout d’abord consiste ton travail d’AESH ?

Je travaille 31 heures par semaine et je dispose de 3 heures pour la coordination en tant qu’AESH référente.
Comme je travaille au sein d’une Ulis Collège, je n’ai pas, comme les autres AESH d’enfant attribué mais je suis affectée au dispositif.
Dès lors, je participe à l’inclusion des 12 élèves de cette classe Ulis. Ces enfants ont des profils divers troubles cognitifs, troubles du comportement ou profil autistique.
Après concertation avec le coordonnateur de l’ULIS, j’accompagne les élèves en inclusion au sein de leur classe de référence.
Mon temps est en effet divisé pour moitié entre le temps d’inclusion en classe pour aider l’élève dans sa classe et pour l’autre moitié pour travailler en petits groupes avec le coordonnateur ULIS.

Que fais-tu pendant le temps de l’inclusion ?

Durant le temps de l’inclusion, je travaille avec le professeur de la classe au plus près des besoins de l’élève. Il s’agit pour l’élève de s’inclure au sein de la classe et donc de se confronteLe Collège Mozart de Danjoutin où travaille Laëtitia Cardot AESH référente PIALr au regard à la fois du professeur mais aussi des autres élèves.
Pour ces temps d’inclusion, en général les élèves de 6ème vont systématiquement en cours de sport, de musique ou d’arts plastiques puis à partir de la 5ème, d’autres matières s’ajoutent.
On sent par contre qu’à partir de la 4ème, on a besoin de les laisser plus seul en cours.

L’objectif en tout cas est de leur donner le maximum d’autonomie.

Certains élèves d’Ulis bénéficient de passerelles ULIS/SEGPA et intègrent les différents ateliers SEGPA des collèges du département.

C’est quoi ton travail d’AESH au quotidien ?

Le coordonnateur ULIS de mon collège encourage les élèves à choisir leur voie professionnelle dès la cinquième.
L’AESH a toute sa place dans le travail au côté de l’élève et du coordonnateur.

L’objectif principal que je me suis fixé avec les élèves est qu’ils n’aient plus besoin de moi.

Je me dis que c’est un peu “comme Coluche avec les Restos du Cœur, aider aujourd’hui pour ne plus être là demain”. Pour cela, je pousse l’élève à bien prendre son cours, à poser des questions en classe et à participer quand l’enseignant sollicite les élèves. Il me faut aussi régulièrement réexpliquer les consignes données ou tout au moins savoir s’il les a bien comprises.
Avec le coordonnateur du dispositif ULIS, nous définissons ensemble des objectifs d’inclusion pour chacun des élèves, nous faisons ensuite un bilan de celles-ci et elles peuvent également être revues à la hausse ou à la baisse mais toujours selon les besoins de l’élève.

Travailles-tu en amont de l’inclusion des élèves ?

Pour le travail en amont, on regroupe les élèves qui sont inclus dans la même classe, dans un même niveau. Je vais voir les profs avant aussi pour anticiper le cours.
Comme le dispositif ULIS est installé depuis longtemps dans le collège, je suis bien repérée et de nombreux enseignants m’envoient le cours par mail avant.
Je travaille également en lien avec les enseignants pour adapter les évaluations en fonction selon les besoins des élèves.
On a maintenant des habitudes de travail mais je suis bien consciente que ce n’est pas le cas partout.

Comment est valorisé ce temps de travail en amont pour les AESH ?

temps de travail

Pour faire cela, j’ai un crédit de 162 heures annuelles.
Je les utilise pour travailler à la préparation de la prise en charge de l’élève dans les inclusions en classe, mais aussi pour les bilans avec les familles ou mes comptes rendus d’équipe de suivi de scolarisation.
On ne me demande pas de justifier de ces heures ce qui montre une certaine confiance.

Comment s’est passée  l’arrivée des PIAL sur ton département ?

L’arrivée des PIAL sur mon département s’est plutôt bien passée. On a eu une réunion d’information pour nous expliquer comment cela allait se mettre en place.
Comme nous sommes un petit département,  nous avons un PIAL dans chaque collège.
Avec le PIAL, les élèves n’ont plus de temps notifié par les MDPH.
Les AESH non plus, leur temps est globalisé
Il n’y a pas de notification qui attribue à tel élève tant d’heures avec une AESH, sans doute parce que le Territoire de Belfort est déclaré territoire tout inclusif.
Cela pose problème car la malléabilité horaire présente un danger.
Comme les AESH sont souvent nommées sur plusieurs établissements, il y a une certaine concurrence entre les établissements pour obtenir des heures d’AESH. Cela peut aussi provoquer une concurrence entre les familles des élèves.

Tu es AESH référente, en quoi consiste ton travail ?

On a trois secteurs de PIAL donc 3 AESH référentes pour les PIAL existants sur le Territoire.
Je suis ainsi l’AESH référente d’une cinquantaine d’AESH.
Je dispose de 3 heures de décharge pour cette mission et de 2 heures payées en plus par semaine.
Je devrai également percevoir une indemnité d’AESH Référente, indemnité qui doit être versée depuis octobre.
On met à ma disposition un téléphone professionnel et j’ai une adresse mail dédiée.
La direction académique m’a alloué une enveloppe de frais de déplacements pour aller à la rencontre des AESH. Pour cela, le DASEN m’a attribué un ordre de mission permanent. Les conditions sont cependant strictes pour déclencher les frais puisque je ne peux les recevoir quand j’interviens dans les communes voisines.
Par contre, je n’ai pas de lieu dédié pour ce travail mais les établissements où je vais mettent à disposition des salles.

Que faites-vous concrètement ?

Comme nous sommes 3 sur le Territoire de Belfort, nous travaillons ensemble sur le temps d’AESH référente.
Cela nous permet d’échanger et de construire ensemble des outils méthodologiques à destination des AESH du PIAL. Nous réfléchissons aussi ensemble aux difficultés rencontrées et nous pouvons ainsi préparer ensemble la résolution de certains problèmes.

En travaillant à trois, nous construisons ainsi une vision commune et nous nous entraidons.

Et toi personnellement ? aesh pial

Ma mission d’AESH référente c’est avant tout :

  • De proposer un appui méthodologique aux AESH dans la prise en charge de leur enfant
  • De répondre aux appels des AESH en difficultés pour les conseiller voire aller en classe avec elles pour les aider
  • De répondre à leurs questions sur leur travail. Ainsi on leur demande souvent des missions qui ne relèvent pas de leur fonction donc mon rôle est de leur dire qu’elles n’ont pas à le faire.
    Je ne le fais pas directement, j’en réfère à ma hiérarchie pour ainsi régler le problème
  • De répondre aussi au pilote du PIAL quand quelque chose ne va pas avec une AESH pour aller à sa rencontre.

Quelle est ta plus grande crainte en tant qu’AESH référente ?

Les AESH ne doivent en aucun cas nous voir comme un chef mais plutôt comme une personne présente pour les aider. Il faut leur rappeler quelle est leur mission et les accompagner pour résoudre leurs difficultés. On sert aussi de tampons avec les AESH et d’oreille attentive. Il s’agit pour moi d’instaurer un contact de proximité avec les AESH des PIAL dont je suis la référente.
Les questions que les AESH me posent sont surtout de l’ordre de l’organisation mais aussi autour de leurs droits.

Pour répondre, le Sgen-CFDT m’est bien utile au quotidien.

Comment se passe le remplacement des AESH qui est souvent problématique ? Comment est organisé le PIAL ?

Le problème de remplacement, ce n’est pas moi qui gère, c’est le coordonnateur PIAL qui le fait.
Chez nous le pilote du PIAL est un principal de collège et le coordonnateur, une directrice d’école ou un directeur d’école. C’est cette personne qui gère les absences des AESH et leur remplacement.
Les notifications d’affectations des AESH sur un PIAL font partie du travail du DASEN.
Le pilote lui organise la réunion d’accueil des AESH et fait les entretiens d’évaluations annuels. Problème, souvent, il ne connaît pas les AESH.

Quelles revendications penses-tu que le Sgen-CFDT doit porter pour améliorer la situation des AESH ?

Si je devais vouloir quelque chose pour mon métier, ce serait avant tout d’une revalorisation salariale.
On a des AESH qui ont souvent des situations familiales compliquées, des femmes seules avec enfants à charge.

Certaines AESH ainsi cumulent plusieurs contrats pour arriver au moins à gagner un SMIC mensuel pour 39 h de travail semaine.

Sur les conditions de travail maintenant, il faudrait avancer sur la reconnaissance de la relation avec les profs pour construire l’accompagnement de l’élève.
Je sais qu’il faut du temps pour créer cette confiance avec les enseignants. J’ai la chance aujourd’hui que certains enseignants me demandent conseil sur ce qu’ils peuvent faire avec tel ou tel élève. Pour se faire il faut, pour créer cette confiance, maintenir une AESH sur un établissement plusieurs années de suite.

Cela favorise la construction de cette confiance mutuelle si nécessaire.

Tu es aussi militante Sgen-CFDT, qu’est-ce que cela t’apporte ?

Devenir militante au Sgen-CFDT a été naturel pour moi. D’abord parce que j’ai été bien accueillie. Cela me permet aujourd’hui d’avoir un regard plus large, au-delà de mon établissement. Aujourd’hui, je siège pour le Sgen-CFDT en Commission Consultative Paritaire ce qui me permet d’échanger avec d’autres AESH.
Je participe aussi au travail national du Sgen-CFDT en essayant de participer au positionnement de la Fédération sur certains dossiers.
Je réponds autant que de besoin pour le syndicat à des sollicitations individuelles et à l’accompagnement syndical des AESH dans leurs différentes démarches.

Quelle est ta plus belle réussite en tant qu’AESH ?

Ma plus belle réussite d’AESH, c’est quand je croise un ou une élève qui a quitté l’établissement, en faisant mes courses par exemple ,qui vient me sauter au cou tout en étant fier de me raconter ce qu’il ou elle est devenue.