Penser le retour à l’école dans la complémentarité

Liberté de choix des familles, capacités d'accueil réduites, trois semaines après la reprise, seul un nombre limité d'élèves ont retrouvé l'École et les publics jugés prioritaires sont insuffisamment présents. Vacances d'été, rentrée de septembre... Quelles perspectives ? Quels partenariats ?

Penser le retour à l'école dans la complémentaritéL’éloignement prolongé de l’École creuse les inégalités

Pour le ministère de l’Éducation nationale, le déconfinement aurait dû faire revenir en priorité vers l’École les enfants décrocheurs. Il n’en a rien été. Sur de nombreux territoires, le seuil d’accueil des élèves est bien en-dessous de celui prévu.

C’est lié au choix des familles de ne pas laisser leurs enfants retourner à l’école en raison de la pandémie mais également à l’application du protocole sanitaire très strict (mais indispensable) qui conduit à accueillir des groupes d’élèves restreints. En conséquence, des enfants, qui ne font pas partie des élèves prioritaires, ou selon les choix des territoires, des niveaux retenus pour la rescolarisation, se retrouvent exclus du lien  pourtant si important avec l’école.

Dans ces conditions, comment ne pas creuser encore davantage les inégalités dont les conséquences réelles pourront seulement être mesurées lorsque la situation sera redevenue normale ? Faute de place au sein des écoles et de conditions matérielles permettant une poursuite efficace des apprentissages à distance, de nombreux enfants, notamment de quartiers prioritaires se retrouvent privé de la continuité éducative dont ils ont besoin, et ce malgré l’inventivité des enseignant·es.

Pour ne pas creuser davantage les inégalités sociales, culturelles et pédagogiques, il faut pourtant qu’un maximum d’élèves retrouvent le chemin de l’école et que les vacances d’été permettent au plus grand nombre de se ressourcer avant de reprendre les apprentissages.

Penser le retour à l'école dans la complémentarité - communiqué commun RFVE
communiqué de presse commun

Une obligation scolaire mise à mal malgré l’engagement remarquable des enseignants

Pour le collectif créé autour du Réseau Français des Villes Educatrices, dont le Sgen-CFDT fait partie, il convient que cela ne dure pas. Cela pourrait en effet occasionner une fracture sociétale importante aux conséquences multiples : perte d’élèves décrocheurs, individualisation extrême de la société entre autres.

Il convient donc de se mobiliser dès maintenant pour permettre à un maximum d’enfants de revenir dans les écoles. Mais l’objectif le plus important est la rentrée de septembre qui doit absolument  permettre à tous les enfants de retrouver le chemin de leur école ou leur établissement scolaire. L’école à la maison, ce n’est pas l’école et il convient que la situation actuelle ne s’installe pas dans un temps long.

Des vacances qui doivent être avant tout des vacances

Autre enjeu important, les vacances scolaires.

Le Ministre veut faire de ce temps des vacances apprenantes avec des apprentissages fondés notamment sur les fondamentaux. Les enfants auront pourtant besoin de rompre avec leur quotidien, de penser à autre chose, de prendre de véritables congés.

Parce que l’horizon des apprentissages ne se réduit pas aux enseignements scolaires, il faut donner aux enfants, aux  jeunes, la possibilité d’apprendre tout autant, mais autrement, au travers d’activités ludiques, non scolaro-centrées offertes sur leur territoire, leur quartier.

Beaucoup de familles ne partiront pas cet été, il faut donc aider les villes à proposer aux enfants, aux jeunes, des vacances adaptées à la situation sanitaire. Si les enfants, les jeunes, ont la possibilité de se ressourcer, ils seront plus à même de renouer avec les apprentissages à la rentrée de septembre.

C’est donc bien dans un travail partenarial de proximité entre l’Education nationale et les collectivités territoriales dans lequel il faut s’engager. Si le dispositif 2S2C peut le permettre, il faut laisser aux acteurs locaux la possibilité de l’adapter en fonction du territoire mais surtout en pensant aux élèves, aux enfants. Pour le Sgen-CFDT, donner de l’autonomie aux acteurs sera source d’émancipation et permettra surtout de profiter du professionnalisme de chacun.