Rentrée progressive : respect des gestes barrières et missions des AESH sont-ils compatibles ?

Malgré leur implication pour la réussite de tous les élèves pendant la période de confinement, les AESH sont encore trop souvent les oublié·es des employeurs ! Pour le Sgen-CFDT, il est urgent d'obtenir des directives claires avant une éventuelle reprise.

Le Président de la République a annoncé une reprise progressive des cours à partir du 11 mai c’est à dire dès la date prévue par le gouvernement pour la levée du confinement.

AESH : des missions qui nécessitent une grande proximité avec l’élève

Faut-il comprendre qu’à cette date le respect des gestes barrière ne sera plus de mise ?

Les personnels AESH, accompagnants d’élèves en situation de handicap, sont très souvent oubliés dans les communications ministérielles et académiques malgré leur investissement important depuis du début du confinement. Ces personnels sont en charge de l’accompagnement des élèves en situation de handicap. Ils ont pour la plupart la responsabilité de l’accompagnement d’un ou plusieurs élèves.

Ces handicaps sont très différents. Ils peuvent accompagner des élèves présentant des troubles du spectre autistique, en situation de handicap moteur ou psychique, ayant des troubles du comportement ou des fonctions cognitives. Ils peuvent également accompagner des élèves déficients auditifs, sourds, mal-voyants ou aveugles, scolarisation de la maternelle au lycée.

Ces personnels restent aujourd’hui, et ce malgré la mise en place du CDI et des contrats pluriannuels, des personnels en situation précaire, le temps partiel leur reste imposé. Ils exercent leurs missions quotidiennement et ce dans une promiscuité évidente.

En effet, contrairement aux enseignant·es, ils doivent s’asseoir de façon permanente à côté des élèves qu’ils accompagnent afin de reformuler les consignes à voix basse pour ne pas déranger toute la classe notamment. Ils doivent également quand cela est nécessaire porter les affaires de leurs élèves (sac, matériel, vêtements, etc…) ou encore pousser leur fauteuil.

Ces personnels seront-ils protégés par des gants ou des masques ? Dans ce dernier cas, comment un élève sourd pourra-t-il lire sur les lèvres de son accompagnant ou de son professeur ?

Ces personnels travaillant avec des élèves porteurs de ce type de handicap bénéficieront-ils plutôt d’une visière ou d’une autre protection adaptée ?

Des missions incompatibles avec le respect des gestes barrière

Pour le Sgen-CFDT, les gestes barrières seront impossibles à mettre en place partout. Les AESH devront inéluctablement toucher avoir des contacts ou être à moins d’un mètre de leurs élèves. C’est particulièrement vrai pour celles et ceux dont les missions d’aide sont liées aux actes essentiels de la vie tel que :

  • assurer le lever et le coucher ;
  • aider à l’habillage et au déshabillage ;
  • aider à la toilette (lorsque celle-ci est assimilée à un acte de vie quotidienne et n’a pas fait l’objet de prescription médicale) et aux soins d’hygiène de façon générale ;
  • favoriser la mobilité ;
  • aider à la prise des repas ;
  • veiller, si nécessaire, au respect du régime prescrit, à l’hydratation et à l’élimination ; veiller au respect du rythme biologique

Pour le Sgen-CFDT, une reprise des cours dans ces conditions et une obligation de respect des gestes barrières sont incompatibles avec les missions des AESH pour toutes les raisons citées précédemment.

Quelles seront les protections qui seront fournies en fonction de ces cas concrets ? Le travail à distance sera-t-il toujours proposé aux personnels ?

Toutes les précautions nécessaires doivent être prises afin pour que la reprise soit envisageable sans risque pour les personnels qui doivent être au plus près des élèves. Nous pensons notamment aux AESH mais aussi aux enseignant·es, et plus particulièrement à celles et ceux exerçant dans les écoles maternelles et plus largement aux ATSEM, qui travaillent eux avec des élèves non autonomes.

Nous ne pouvons pas ignorer non plus les personnels vulnérables qui ne pourront pas reprendre sans risque d’être exposés au COVID-19. Il faudra  impérativement leur laisser la possibilité d’effectuer leurs missions en travail à distance ou de bénéficier d’une Autorisation spéciale d’absence comme c’est le cas depuis le début de la crise sanitaire.