Du système de retraite aux arrêts maladie, la liste est longue des critiques faites aux fonctionnaires. Chiffres à l’appui, tour d’horizon des idées à déconstruire. Un dossier CFDT - extraits.
Idée reçue n°1 : Trop de fonctionnaires ?
La France comptait 88,5 emplois publics pour mille habitants en 2015 d’après les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de l’Office statistique de l’Union européenne Eurostat. Elle se situe dans une fourchette haute mais relativement proche de la moyenne observée dans les pays de l’OCDE (83 ‰).
À titre de comparaison, le Royaume-Uni compte 80 agents publics pour mille habitants, les États-Unis 68 ‰ mais les pays nordiques beaucoup plus (le Danemark autour de 140, la Norvège 159).
Idée reçue n°2 : Un système de retraite trop confortable ?
La pension des salariés au régime général est calculée sur la base des 25 meilleures années tandis que celle des agents l’est sur les six derniers mois.
Cependant, le calcul de la pension des fonctionnaires ne prend que très partiellement en compte les primes, contrairement au régime général.
Or, entre 2000 et 2010, la part moyenne des primes dans la rémunération globale est passée de 17% à 29% avec de très grandes différences selon les métiers. Très faibles chez les enseignants, les primes peuvent représenter 30% voire 40% de la rémunération des corps techniques et de l’encadrement.
Selon les différentes études du Conseil d’orientation des retraites, les pensions sont bien en moyenne plus élevées pour les anciens fonctionnaires que pour les anciens salariés du privé. Néanmoins, cette différence s’explique non pas par la méthode de calcul mais par la sociologie. Les fonctionnaires sont en moyenne plus qualifiés que les salariés du privé – le pourcentage de cadres est plus élevé – et ont reçu à ce titre des salaires plus élevés et donc, in fine, des pensions plus importantes.
Dernière précision : la règle des six derniers mois peut s’avérer avantageuse pour les fonctionnaires qui ont une carrière ascendante, mais elle n’est pas si payante pour un fonctionnaire qui a une carrière dite plate, c’est-à-dire une rémunération qui n’a que faiblement évolué, comme c’est le cas pour nombre d’agents.
Idée reçue n°3 : Toujours malades, les fonctionnaires ?
« Environ un agent sur trois de la fonction publique a eu au moins un arrêt maladie dans l’année, contre 28% des salariés du privé » peut-on lire dans « Faits et chiffres » issu de la grande enquête Conditions de travail 2013. Mais à y regarder de plus près, le document précise que « les agents de la fonction publique s’arrêtent moins longtemps que les salariés du privé :
52% des agents de la fonction publique absents au moins une fois pour maladie se sont arrêtés moins de huit jours dans l’année contre 46% des salariés du secteur privé ».
Le jour de carence inefficace voire injuste
Autre procès fait aux agents publics, l’absence de jour de carence en cas d’arrêt maladie – jusqu’à son rétablissement depuis le 1er janvier 2018 – les inciterait à s’arrêter. Là encore, une étude de l’Insee de novembre 2017 vient démontrer que de 2012 à 2014, période durant laquelle un jour de carence avait été instauré, « la part des agents absents pour raison de santé n’a pas [été] modifiée ». L’institut statistique va encore plus loin en assurant que « les absences pour raison de santé d’une semaine à trois mois ont augmenté avec le jour de carence » entre 2012 et 2014.
Idée reçue n°4 : Les fonctionnaires trop payés ?
Si leur rémunération se situe dans la moyenne française, ils font partie des plus mal payés en Europe, selon une étude de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). À pouvoir d’achat égal, seules la République tchèque, la Pologne, la Hongrie, l’Estonie, la Slovaquie et la Grèce proposent une rémunération moindre.
Idée reçue n°5 : La précarité dans la fonction publique, ça n’existe pas
« Vacataire : Personne chargée d’une fonction précise pour une période limitée. » La définition sur le portail de la fonction publique est très claire. Les vacataires n’ont pas vocation à occuper des postes permanents.
Ils ne sont là que pour répondre à un besoin précis, isolé et identifiable.
Et pourtant. Dans les trois versants de la fonction publique et dans de nombreuses métropoles, des bataillons de personnes sans statut clairement défini – ni fonctionnaire ni agent contractuel de droit public – complètent durablement des effectifs en tension.
Combien sont-ils ? Difficile à dire.
En plus d’être précaires, les vacataires sont très souvent absents des tableaux des effectifs de la fonction publique.
Pour aller plus loin
- Téléchargez le le tract Vrai/Faux de la Fonction Publique
- Retrouvez le dossier complet « Stop au fonctionnaire bashing » sur le site de la CFDT
- Commandez « l’Autre trésor public » – l’ouvrage de témoignages des agents sur leur travail