L’école sous la menace de l’entrisme : une vigilance nécessaire

La CFDT dénonce l'entrisme des associations ultra-conservatrices dans les établissements du second degré.

Quel entrisme ?

L’École française ne fait pas qu’instruire, elle éduque également le citoyen. Au-delà des programmes scolaires et le plus souvent adossées à eux, on trouve les « éducation à ». Cela concerne le développement durable, la citoyenneté ou encore l’éducation à la vie affective (EVAR.S).

Sur ces deux derniers sujets, nous avons été alertés par nos adhérentes et adhérents de tentatives d’ingérence dans les établissements scolaires du second degré.

Premier exemple : pour l’éducation à la citoyenneté, c’est l’association « juristes pour l’enfance » qui propose de la documentation gratuite. Elle est proche de la « manif pour tous », anti PMA et GPA et s’est prononcée contre la circulaire sur les élèves trans.

Deuxième exemple : pour l’éducation à la vie affective relationnelle et sexuelle, c’est une association fortement soutenue financièrement par le milliardaire d’extrême droite Pierre Edouard Sterin qui tente de s’infiltrer dans les établissements scolaires. L’association « Lift » propose des contenus pédagogiques pour animer des séquences, en sollicitant, sans réelle transparence, des ressources d’établissement public de recherche et de formation.

C’est très difficile de connaître le contenu proposé, mais quand on regarde sur le site internet de Lift, on retrouve le vocabulaire de l’“éducation intégrale” cher à l’enseignement catholique…

… analyse Alexis Guitton, élu national du syndicat Fep-CFDT, qui syndique les personnels de l’enseignement privé et membre du Collectif éducation contre les LGTIphobies. Il est question de “vision globale”, “holistique”, et d’“éducation affective, relationnelle et sexuelle”, dont le sigle figure dans le document diffusé cet été par l’enseignement catholique, document supposé “dessine[r] le cadre commun” dans lequel le programme édicté par l’Éducation nationale doit s’inscrire. Extrait d’un article du 3 octobre 2025 de Médiapart.

Vigilance nécessaire

Ces tentatives d’infiltration sont à mettre en lien avec les déclarations du secrétaire général responsable de l’enseignement privé, Guillaume Prevost, qui ne souhaite pas non plus mettre en place le programme EVARS mais une version « adaptée ». Cela interroge une nouvelle fois la notion de contrat d’association avec l’État.

La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques s’oppose à toutes ces ingérences et aux remises en cause du programme EVARS.

Notre syndicat a fortement soutenu la démarche d’écriture et de mise en œuvre du programme EVARS, mais nous nous interrogeons sur l’effectivité de sa mise en place. Pour rappel, seul 15 % des élèves scolarisés bénéficiaient des 3 heures annuelles obligatoires de l’éducation à la sexualité (ancêtre de l’EVARS). Or il y a très peu de moyens dédiés à la mise en place de cette éducation. Les heures supplémentaires effectives (HSE) dédiées à la rémunération des enseignants volontaires ont disparu et les subventions des collectivités territoriales aux associations partenaires ont également fondu.

Résultat, les établissements sont à la merci de ces initiatives réactionnaires et rétrogrades. La CFDT demande un véritable soutien budgétaire et financier de cette thématique, indispensable à la construction d’une citoyenneté éclairée.

Enfin, notre organisation s’interroge sur la démarche d’agrément dont ces officines semblent s’affranchir en toute illégalité. Nos militantes et militants restent mobilisés et vigilants : vous avez un doute ? Contactez-les.