Le Ministère a annoncé des mesures de "revalorisation" des salaires dès septembre prochain. Elle s'organise en une partie dite "socle", allant de 100 à 230 euros nets en plus par mois, et une partie dite "pacte" liée à des missions supplémentaires pouvant atteindre 3 750 euros.
Pour le Ministère, ces annonces sont « le fruit d’un dialogue avec les organisations syndicales » sur plusieurs mois. Il oublie de dire que l’ensemble des syndicats a claqué la porte lors de la dernière réunion (6 mars 2023), signalant ainsi le désaccord profond. En effet, le « pacte enseignant » ressemble trop à du « travailler plus pour gagner plus ». On pourrait même penser qu’il reconnaît comme valide l’hypothèse sous-jacente que les enseignant·e·s ne travaillent pas beaucoup. Il serait plutôt temps de rémunérer tout ce que font déjà les enseignant·e·s…
À la date de cet article, aucune publication de ces mesures au BO, aucun décret, aucune circulaire ne sont connus. Les textes officiels pour le socle et le pacte avec des éléments stables seront examinés lors du CSAMEN du 31 mai.
La revalorisation dite « Socle »
Son montant est fixé pour la rentrée 2023 à 1,9 milliard sur les 3 milliards prévus pour une année complète à partir de 2024.
L’Isoe et l’Isae revalorisées = victoire du Sgen-CFDT
L’Indemnité de Suivi et d’Accompagnement des Élèves (Isae) dans le 1er degré et l’Indemnité de Suivi et d’Orientation des Élèves (Isoe) dans le 2d degré seront portées au même montant de 2 550 € annuels bruts à partir de septembre 2023. Soit une hausse de rémunération de près de 100 € nets mensuels pour tou·te·s les enseignant·e·s, titulaires comme contractuel·le·s.
Cette revalorisation concerne également :
- les professeur·e·s documentalistes (via l’Indemnité de Sujétions Particulières),
- les enseignant·e·s exerçant des fonctions particulières (conseiller·ère·s pédagogiques, enseignant·e·s référent·e·s à la scolarité des élèves en situation de handicap, enseignant·e·s référent·e·s pour les usages du numérique, enseignant·e·s en milieu pénitentiaire, maître·sse·s formateur·trice·s et formateur·trice·s académiques, etc.),
- les Conseiller·ère·s Principaux·ales d’Éducation et les Psychologues de l’Éducation Nationale (via l’Indemnité de Fonctions).
Les professeur·e·s principaux·ales de 1re, de terminale et de 2e année de CAP verront en outre la part modulable de leur Isoe relevée de plus de 50 %, pour atteindre 1 476 € bruts par an. Cette augmentation s’ajoute à la hausse de la part fixe de l’Isoe.
L’accès à la hors classe et à la classe exceptionnelle facilité
Le taux de promotion au 2ᵉ grade de la hors classe passera de 18 % à 23 % en 2025 pour tous les corps. En 2023, le contingent de la classe exceptionnelle sera ainsi porté de 10 à 10,5 % de l’ensemble des corps.
La revalorisation dite « Pacte »
Des missions « complémentaires »
Elles seront assurées sur la base du volontariat. Certaines feront l’objet d’un volume horaire annuel, d’autres sous la forme d’un engagement annuel.
Chaque mission (ou bloc) fera l’objet d’une rémunération forfaitaire de 1 250 € brut annuel. On pourra cumuler jusqu’à trois missions, soit 3 750 € brut annuels. Les derniers retours du Ministère laissent penser que certains blocs conditionneront l’accès à d’autres blocs.
Un premier ensemble de missions porteront sur des activités pédagogiques en présence des élèves :
- blocs de 18 heures : pour le remplacement de courte durée (2nd degré), les sessions hebdomadaires de soutien ou d’approfondissement en français ou mathématiques en classe de 6e (1er degré),
- blocs de 24 heures pour les autres missions : devoirs faits (1er et 2nd degré), stages de réussites élèves proposés sur les vacances scolaires (1er et 2nd degré), soutien aux élèves en difficultés (1er degré).
Un second ensemble de missions pour le bon fonctionnement des écoles ou des établissements et les projets des équipes :
- la coordination et la mise en œuvre de projets pédagogiques innovants,
- l’accompagnement renforcé des élèves à besoins éducatifs particuliers, notamment les élèves en situation de handicap,
- la coordination du dispositif de découverte des métiers de la 5ᵉ à la 3ᵉ.
La mise en œuvre des missions du « pacte »
Elle se fait localement sur la base du volontariat et selon les besoins identifiés dans chaque école et établissement.
Le directeur, la directrice d’école, en lien avec l’inspecteur, l’inspectrice de la circonscription ou le·la chef·fe d’établissement, connaîtra avant le mois de juin 2023 les moyens mis à sa disposition pour les missions « complémentaires » (dotation académique, hors DHG).
Dans le cadre du Conseil des maître·esse·s ou du Conseil pédagogique et après avis, le directeur, la directrice ou le·la chef·fe d’établissement répartira les missions entre les professeur·e·s volontaires. Cela pour répondre aux besoins de l’école ou de l’établissement (prioritairement le remplacement de courte durée dans le 2nd degré).
À la rentrée 2023, chaque professeur·e recevra, pour l’année, une lettre de mission.
Le Pacte ne remettrait pas en cause les HSA / HSE et certaines IMP
Il n’y aura pas de modification des modalités de rémunération des heures d’enseignement accomplies au-delà des obligations de service. Que ce soit les heures supplémentaires annuelles, HSA ou les heures supplémentaires effectives, HSE. De même que les modalités de rémunération des missions complémentaires qui donnent lieu à des indemnités pour missions particulières (IMP), pour les coordonnateur·trice·s de discipline ou les référent·e·s pour les usages pédagogiques du numérique, par exemple.
🙂 Ce que nous actons positivement :
- Le doublement et l’alignement des primes ISAE (premier degré) et ISOE (second degré).
- L’augmentation du taux de promotion à la HC et l’augmentation du contingentement à la CE.
- L’amélioration des reclassements.
- Un début de carrière à 2000 € net.
- L’alignement sur le taux le plus élevé du montant de la prime PP des classes du cycle terminal et 2ᵉ année de CAP.
🙁 Ce que nous dénonçons :
- Une promesse non tenue d’augmentation de 10 % sans condition.
- Une augmentation par des primes, non prises en compte dans le calcul des pensions de retraite.
- Des missions « pacte » qui ne font pas sens et qui vont à l’encontre des alertes sur la hausse de l’épuisement professionnel des enseignant·e·s, CPE et Psy-EN.
- Un constat sur les remplacements erroné : ce sont les remplacements longs qui sont les plus préoccupants pour la scolarité des élèves. Or, seule une réelle politique d’attractivité du métier règlera ce problème.
✊ Ce que nous revendiquons :
- La valorisation des missions déjà existantes.
- La prise en compte de l’intensification du métier d’enseignant·e, de CPE et de Psy-EN
- Une revalorisation du point d’indice pour pallier l’inflation et le déclassement subis depuis 30 ans.
- Un triplement de l’ISAE et de l’ISOE pour 2024.
- La mise en place d’un plan d’augmentation pluriannuel.
- L’alignement sur le taux le plus élevé du montant de la prime PP des classes de 3ᵉ.
- Une vraie médecine du travail.
Pour aller plus loin sur le pacte enseignant…
Une synthèse du Sgen Normandie (mai 2023)
Salaire des enseignants : nos revendications (octobre 2021)