Le Sgen-CFDT a été auditionné le 22 novembre par le Conseil supérieur des programmes dans la perspective de l'élaboration d'un projet de programme d'éducation à la sexualité.
Dans ce cadre, le Sgen-CFDT a formulé six propositions.
Notre préambule
Dans leurs différents rapports sur l’éducation à la sexualité, le Haut Conseil à l’Égalité, le Défenseur des Droits, les inspectrices générales et le collectif NousToutes, ont, à chaque fois, exposé un certain nombre de recommandations qui se recoupent.
Quant à nous, il n’est absolument pas question de demander une nouvelle loi encadrant l’éducation à la sexualité (EAS). La loi existante convient très bien. Nous demandons, en revanche, qu’elle soit réellement mise en œuvre et pour ce faire, que des moyens soient débloqués.
De plus, nous proposons un certain nombre d’évolutions.
Nos 6 propositions pour l’éducation à la sexualité
Démystification de l’éducation à la sexualité
Il est indispensable de revoir l’appellation « éducation à la sexualité » et de trouver un terme plus englobant. L’expression cristallise toutes les oppositions et facilite malheureusement les discours les plus délirants sur le sujet (la masturbation en maternelle, faire des petites filles des petits garçons et inversement…). De plus, la dimension sexualité de l’EAS n’est qu’un de ses trois champs (biologique, psycho-affectif et social). Enfin, « la » sexualité n’est pas inclusive et est restreinte dans l’esprit de la plupart des gens à l’hétérosexualité.
Par ailleurs, il serait important de communiquer et de sensibiliser sur l’éducation à la sexualité auprès de la population en général et des parents en particulier.
- « Éducation aux vies affectives et sexuelles »
- « Éducation au vivre ensemble dans le respect de soi et des autres »
- « Éducation à la vie adulte et au consentement »
Renforcement des formations
Il est essentiel de veiller à ce que tous les personnels en lien avec les élèves (enseignant·es, mais aussi CPE, AED, AESH…) reçoivent une formation adéquate sur l’éducation à la sexualité, l’égalité des genres. Cela leur permettra de dispenser des cours de qualité et d’accompagner les élèves de manière appropriée.
Par ailleurs, il est indispensable que tous les personnels de l’Éducation nationale reçoivent une formation aux violences sexistes et sexuelles. Ce n’est que de cette manière qu’elles pourront être identifiées, tant entre élèves, qu’entre adultes et entre adultes et élèves, et que l’on pourra plus facilement les combattre.
Révisions des programmes scolaires
Les notions d’EAS doivent concerner les programmes officiels de toutes les disciplines, au-delà des SVT, PSE et EMC. Cela permettra à tout·es les enseignant·es de s’emparer de l’éducation à la sexualité et de l’intégrer à tous les enseignements.
En outre, il serait intéressant que les séances figurent à l’emploi du temps des élèves. Ceci, afin que la perte des heures d’enseignement ne puisse être évoquée quand les séances d’éducation à la sexualité remplacent des heures de cours. De plus, il est indispensable que les séances, OBLIGATOIRES, ne soient pas une variable du remplacement de courte durée.
Développement de ressources pédagogiques en matière d’éducation à la sexualité
La mise à disposition des établissements scolaires de ressources actualisées et accessibles est nécessaire. Ceci, pour soutenir l’enseignement de l’éducation à la sexualité. Ces ressources doivent tenir compte des besoins spécifiques des élèves, en abordant notamment les enjeux liés à l’égalité filles-garçons.
Révision des manuels scolaires
Il est nécessaire de revoir attentivement les manuels scolaires pour éliminer les contenus ou les représentations qui perpétuent des stéréotypes de genre. Les manuels doivent refléter une image équilibrée et valorisante des filles et des garçons, favorisant ainsi l’égalité et l’inclusion. Par ailleurs, les manuels devraient comporter des ressources EAS afin que les enseignant·es puissent les intégrer à leur enseignement.
Obligation de moyens
La rémunération des référent·es Égalité et des intervenant.es en éducation à la sexualité doit être à la hauteur de leur mission. C’est un item de la labellisation Égalité Filles Garçons. Il faut avoir aussi à l’esprit que de nombreux·ses collègues ont déjà fait savoir que si leur mission se voyait intégrée au Pacte, ils et elles en démissionneraient. Il est donc primordial de ne pas intégrer les projets d’éducation à la sexualité à des projets innovants, qui reviendraient à l’intégrer au Pacte. Quels que soient les projets, ils participent à la mission régalienne de l’École de former les futur·es citoyen·nes.
De plus, il sera nécessaire d’accompagner les établissements et les équipes académiques dans la labellisation Égalité Filles Garçons. En effet, l’objectif gouvernemental est que tous les établissements soient entrés dans la démarche d’ici à 2027.
Enfin, des enveloppes fléchées devraient être prévues en plus des subventions « habituelles » afin de pouvoir rétribuer les interventions payantes dans les établissements, et encore plus dans les établissements ruraux, isolés…
En conclusion, l’éducation à la sexualité et l’égalité filles-garçons sont des enjeux majeurs de notre système éducatif.
Il est essentiel de promouvoir ces valeurs et de veiller à leur mise en pratique effective dans les écoles. Il est temps d’investir pleinement dans l’éducation à la sexualité et de renforcer notre engagement en faveur de l’égalité entre les genres.
Nous devons contribuer à former une génération de citoyen·nes éclairé·es, égalitaires, respectueux·euses et émancipé·es!