DÉCLARATION AU COMITÉ DÉPARTEMENTAL DE L’EDUCATION NATIONALE

Le Sgen-CFDT Paris était présent au CDEN du mardi 29 novembre 2022.

Nous commencerons cette déclaration liminaire en remerciant nos collègues du Rectorat pour le travail préparatoire et la qualité des documents fournis.

Comme le Sgen-CFDT Paris l’a déjà évoqué lors du CTA de mardi dernier, les annonces sur la réforme de la voie professionnelle sont toujours pour nous une réelle préoccupation.  Le fait d’avoir annoncé des mesures sans précisions sur leur mise en œuvre a créé un climat délétère et anxiogène. Il aurait fallu s’appuyer sur l’expertise des personnels. C’est à cette seule condition que peut se co-construire une politique éducative de qualité.. Politique qui doit être anticipée et pensée, financée et conduite sur le long terme !

Notre mobilisation pour affirmer notre opposition à une augmentation de 50% de la durée des périodes de formation en milieu professionnel a permis certaines avancées. Notre syndicat s’engagera donc activement dans les groupes de travail pour défendre les intérêts des agent·e·s. Nous y agirons aussi pour que cette voie continue d’articuler enseignements généraux, professionnels et alternance pour former des citoyen·ne·s émancipé·e·s et des professionnel·le·s qualifié·e·s car nous nous inquiétons du devenir des personnels et des élèves. Nous serons également vigilant·e·s sur la refondation de la carte des formations.

Une fois n’est pas coutume, ce CDEN est l’occasion pour nous de rappeler la perte d’attractivité de nos métiers, bien connue des représentant·e·s du personnel : problématique salariale, sentiment de déclassement et de non-reconnaissance sociale, missions sans cesse alourdies, conditions de travail dégradées des enseignant·e·s… L’institution continue d’ignorer nos nombreuses alertes…

Notre École a avant tout besoin de ressources humaines suffisantes, professeur-es et enseignant·e·s spécialisé·e·s faisant fonctionner tous les dispositifs (Rased, UPE2A, Ulis, unités d’enseignement), infirmier·ère·s, médecins, administratif·ve·s… Elle a besoin de confiance en ses personnels, soutenus par leur hiérarchie, reconnus et entendus sur l’organisation de leur travail. Cela nous semble particulièrement pertinent lorsque l’on pense à l’évaluation d’écoles, qui pour le Sgen-CFDT est une initiative intéressante mais qui aurait dû être élaborée avec les personnels, ce qui aurait évité une grande défiance vis-à-vis de cette démarche, perçue du côté du contrôle et non de la mise en projet.

D’autre part, nous saluons l’augmentation du point d’indice mais cela reste très insuffisant compte-tenu de l’inflation annuelle. Les efforts devront, nous semble-t-il, porter évidemment en priorité sur les débuts de carrière mais il ne faudra pas pour autant oublier de revaloriser l’ensemble des échelons, et notamment nos collègues contractuel·le·s.

Nous sommes très défavorables à une part variable sur les rémunérations qui ne manquerait pas d’entraîner des tensions entre collègues déjà majoritairement investi·e·s et mobilisé·e·s. Toutes les missions qu’ils et elles accomplissent, dont celles induites par des pratiques pédagogiques visant l’inclusion, jusque-là mal identifiées et donc non reconnues financièrement, devraient suffire à justifier une revalorisation. En augmentant de manière forte la part fixe que toutes et tous perçoivent, à la fois on assure une revalorisation générale et on évite les risques d’inégalité entre femmes et hommes et entre corps.

Pour ne pas nourrir les inégalités entre premier et second degrés, les missions complémentaires réalisées par les professeur·e·s des écoles doivent être mieux reconnues : il faut les décrire, définir, circonscrire davantage et les rémunérer. Pour ne pas en rester à une distribution inégalitaire des IMP selon le sexe, il faut une stratégie volontariste d’égalité entre femmes et hommes dans l’attribution de ces missions qui doivent par ailleurs pouvoir se faire en décharge de services d’enseignement. Dans tous les métiers, nous revendiquons la juste reconnaissance du travail réel.

Concernant cette rentrée 2022 à l’ordre du jour de ce CDEN, nous prenons acte de la baisse démographique constante sur l’académie de Paris et déplorons par avance la diminution de moyens que cela engendrera pour la rentrée prochaine aussi bien dans le premier que le second degré. La qualité de l’enseignement sera-t-elle toujours garantie ?

En ce qui concerne le bilan que l’on peut dresser de cette rentrée, de nombreux personnels de direction ou collègues nous ont fait part de postes non pourvus dans les établissements ou au Rectorat. Nous pensons en particulier aux lycées professionnels ou aux nombreux postes vacants de PSY-EN. Ces remontées confirment que la pénurie de personnel est bien réelle dans tous les métiers de l’éducation et que les solutions apportées ne sont guère satisfaisantes pour le moment. Concernant les Titulaires sur Zones de remplacement, leur nombre reste trop élevé et leurs conditions d’exercice devront faire l’objet d’une attention particulière pour éviter des situations familiales et/ou pédagogiques délicates. Nous dénonçons les conditions d’affectations des stagiaires, des TZR, des brigades et des contractuel·le·s ayant appris tardivement leur lieu d’exercice ou envoyé·e·s finalement sur un autre poste que celui sur lequel ils·elles étaient initialement prévu·e·s, ce qui a désorganisé la rentrée dans de nombreux établissements.

Quant aux affectations, nous resterons particulièrement attentif·ve·s aux modalités d’attribution des postes à profil et postes spécifiques, qui doivent échoir aux candidat·e·s les plus qualifié·e·s. Nous souhaiterions vivement que celles et ceux qui n’ont pas été retenu·e·s connaissent les raisons de ce refus, ce qui permettrait de garantir une totale transparence sur ce recrutement.

Comment ne pas penser à nos collègues contractuel·le·s formé·e·s à la va vite avant d’être envoyé·e·s sur le terrain ? Pour le Sgen-CFDT Paris, les contractuel·le·s sont une richesse et doivent, de ce fait, bénéficier, tout autant que les titulaires, de formations dignes de ce nom. Beaucoup d’entre elles et eux, après avoir été confronté·e·s à la réalité et aux difficultés du métier, renoncent in fine à enseigner, laissant des classes sans professeur·e·s. L’annonce d’embauche de 150 contractuel·le·s est un pansement sur une jambe de bois. Il est, de plus, incompréhensible que des contractuel·le·s soient incité·e·s à passer les concours et voient leurs rémunérations diminuer après les avoir obtenus.

Par ailleurs, nous sommes soulagé·e·s d’avoir appris lors du CTA que tou·te·s les étudiant·e·s en M2 de l’INSPE de Paris bénéficient enfin d’un tuteur·trice et d’un lieu de stage, ce qui n’était pas le cas jusqu’à très récemment. Nous aurions apprécié que l’administration fasse une réponse au courrier que nous lui avions adressé à ce sujet. Une fois de plus, le Sgen-CFDT Paris s’inquiète de l’absence de retours de l’académie de Paris face aux sollicitations des agent·e·s ainsi qu’à celles des organisations syndicales en raison d’un manque de personnel dans les services du Rectorat et vraisemblablement de dysfonctionnements internes.
Nous attendons avec beaucoup d’intérêt les conclusions de la mission d’immersion et de co-construction menée de concert avec des agents du ministère, de la DITP (Direction Interministérielle de la Transformation Publique) et du personnel du Rectorat. Nous espérons également bénéficier rapidement de l’adresse mail fonctionnelle que nous a promise le Rectorat pour favoriser les échanges entre l’administration et les organisations syndicales.

Toujours dans nos préoccupations de rentrée, nous nous devons d’évoquer la réforme du baccalauréat général et de l’affectation post-bac imposée aux personnels à marche forcée, et continuant d’occasionner difficultés, confusions et incompréhensions.

Par ailleurs, il nous semble important d’aborder la mise en œuvre du plan académique de formation par l’EAFC (école académique de la formation continue) qui paraît, assez obscure à beaucoup d’agent·e·s. Du côté des enseignant·e·s, la prolongation des inscriptions fin septembre/début octobre est passée quasiment inaperçue. Du côté des formateur·trice·s INSPE portant une offre, aucune communication de la part de l’EAFC n’a été faite depuis la publication du catalogue. Le Sgen-CFDT Paris demande que cette offre, pourtant riche et qualitative soit rendue plus visible et que sa mise en place tout au long de l’année soit facilitée. Nous aimerions également être rassuré·e·s sur la mise en oeuvre de formations d’initiative locale dans le 1er degré.

Chaque rentrée focalise toujours plus l’attention sur les AESH. Cette année n’est pas en reste, d’autant plus avec le rapport du Sénat suggérant un dialogue resserré entre prescripteur (la MDPH) et financeur (le Rectorat). Nous déplorons les soucis constants de recrutement liés à une rémunération insuffisante. A l’heure actuelle, 250 élèves en situation de handicap sur l’académie devraient bénéficier d’un soutien, mais ce n’est pas le cas, faute de candidat·e·s suffisamment compétent·e·s ou motivé·e·s. Pourquoi est-il si compliqué de proposer un poste à temps plein et correctement rémunéré aux AESH ?

Au SGEN-Paris, il nous semble qu’une valorisation des compétences et un raisonnement en termes de « besoins » et « d’accompagnement à la scolarité et à l’autonomie de l’élève » permettrait des parcours scolaires plus inclusifs et une organisation plus humaine des PIAL car la mise en œuvre parisienne hasardeuse vient, selon nous, tout à la fois d’une absence de considération des coordonnateur·trice·s de PIAL et à une absence de maîtrise des enjeux inclusifs par les pilotes de PIAL.

Enfin, nous terminerons cette déclaration en évoquant notre actualité avec les élections professionnelle de la semaine prochaine. Nous regrettons que de trop nombreux·ses électeur·trice·s n’aient pas reçu leur notice de vote ou leurs identifiants. Beaucoup de celles et ceux qui les ont reçus, parfois il y a très longtemps, se plaignent d’une procédure compliquée et chronophage risquant de décourager les bonnes volontés. Nous craignons que cela nuise au bon déroulement de ce moment électoral.

Le Sgen-CFDT Paris vous remercie pour votre écoute et l’intérêt que vous ne manquerez pas de porter à ses revendications.