De la continuité administrative à l’éducation nationale – témoignage

La période actuelle restera dans nos mémoires comme une année où notre place de personnel administratif dans le système éducatif aura été particulièrement interrogée. En effet, le sentiment d’être ignoré, invisible, peu considéré n’a jamais été aussi fort que ces dernières semaines.

Depuis l’annonce des fermetures d’établissement et de la mise en confinement généralisé,  l’organisation pyramidale et les modes de communication ont cruellement révélé  la difficulté de notre administration à anticiper,  à penser l’organisation de la continuité administrative, et à coordonner les moyens humains et matériels nécessaires.

Mise en confinement : un constat affligeant

La quasi-totalité des personnels administratifs, qu’ils soient en service ou en EPLE, témoignent qu’au moment de la mise en confinement, et dans la semaine suivante, la continuité pédagogique a été l’unique préoccupation des responsables. Encore une fois nous observons l’absence de prise en compte des autres fonctions, considérées comme subalternes, selon un schéma bien connu et malheureusement trop bien rodé de « l’intendance suivra ».

Majoritairement, nous, personnels administratifs, avons été renvoyés chez nous sans la moindre information et sans consignes de notre hiérarchie. Ne parlons pas de l’absence de matériel fourni pour exercer nos missions (téléphones, ordinateurs, clés OTP introuvables, réseaux VPN saturés,  etc ….).

Nous avons aussi subi des injonctions contradictoires et non coordonnées de la part de nos différents donneurs d’ordre (collectivités, services académiques, chefs de division et chefs de service, chefs d’établissements, agents comptables….).

Le sentiment d’être invisible perdure

Le constat étant posé, si nous pouvons admettre que la mise en confinement étant impréparée, elle a donc forcément posé de nombreux problèmes logistiques pour mettre en œuvre le travail à distance.  Ceci  interroge tout de même sur la capacité de notre administration à prendre en compte les alertes du monde réel !

Mais nous observons malheureusement qu’au bout de quinze jours de confinement, l’impression d’être totalement ignoré·es et abandonné·es perdure chez une grande majorité des personnels administratifs.

Impression aggravée par le sentiment d’isolement (à domicile ou en EPLE où des personnels se trouvent seuls dans les établissements en logement de fonction), lié souvent à l’absence totale de lien avec la hiérarchie, de matériel et de consignes données. Le désœuvrement et l’ennui génèrent un  stress et un sentiment de culpabilité. Car il  faut  rappeler que les personnels administratifs, qui font preuve d’une conscience professionnelle admirable, se sentent encore trop souvent « en faute » de ne pas pouvoir exercer leurs missions normalement.

Sentiment de culpabilité, peurs multiples, et besoins essentiels non satisfaits

Le confinement que nous vivons s’accompagne de peurs multiples : peur d’être infecté, peur de transmettre le virus, peur pour nos familles, nos amis, angoisse du quotidien. Il faut s’adapter à une situation totalement inédite, dans un espace restreint, dans un climat anxiogène lié à toutes nos préoccupations personnelles, familiales, professionnelles, d’incertitude sur l’avenir.

Considération ? nous avons besoin d’être autre chose que des ETP

Face à cela, hormis dans quelques services – hélas trop peu nombreux –  nous regrettons un manque général d’expression d’empathie de nos responsables, lié à cette absence d’informations ou de lien sous quelque forme que ce soit. Nous avons besoin d’être rassurés et soutenus par notre hiérarchie, besoin de sentir une volonté d’entretenir le lien humain.

Mais nous souffrons actuellement du manque d’expression de paroles rassurantes ou de bienveillance.  Cette frustration nourrit les peurs,  démotive et peut générer des angoisses pour l’avenir, particulièrement pour la reprise d’activité après le confinement.

Des questions qui restent sans réponses

Les personnels administratifs se demandent comment sera prise en compte cette période de relative « inactivité » où l’activité est partielle. Car nous avons les enfants à la maison et/ou n’avons pas le matériel pour  travailler à hauteur de ce ce que nous faisons habituellement sur nos lieux de travail. Peur d’être pénalisé·es à la reprise (congés amputés, reportés, annulés par exemple).

  • Beaucoup d’interrogations de contractuel·les sur le devenir de leur poste et sur le versement de leur salaire.
  • Beaucoup d’interrogations sur le respect du calendrier des congés.
  • Beaucoup d’interrogations sur les opérations du mouvement des personnels qui sont en cours. Comment par exemple établir et hiérarchiser des vœux alors qu’il est impossible de contacter qui que ce soit dans les établissements et services ?
  • Beaucoup d’interrogations sur le statut actuel : ASA ou pas ? rien n’est formalisé, ils et elles télétravaillent tout en assurant la garde et l’accompagnement de leurs enfants scolarisés…

Besoin d’information et d’anticipation pour reprendre le travail dans les meilleures conditions 

Nos collègues nous font part de leurs interrogations sur la capacité de notre administration à anticiper les modalités de la reprise d’activité dans les services et établissements et son accompagnement.

Pour le coup, l’administration ne pourra pas répondre que cette phase n’était pas prévisible et  qu’elle ne pouvait anticiper….

  • Ils ont besoin de savoir si cette reprise sera brutale ou progressive, si elle sera partielle ou totale,
  • Besoin de savoir si des mesures devront être prises (en particulier en EPLE avec toutes les questions sanitaires qui se posent) pour pouvoir éventuellement anticiper les besoins d’équipements.
  • Besoin de savoir si un dépistage massif sera réalisé, afin d’organiser une éventuelle reprise progressive.
  • Besoin de réponses enfin, pour pouvoir anticiper la surcharge de travail ou les conséquences des missions non accomplies et des échéances qui n’auront pu être respectées … la liste des questions est longue et non exhaustive…

 

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