Déclaration liminaire de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques en Comité Social d'administration ministériel de l'éducation nationale du 27 juin 2024.
Le contexte politique et social depuis la décision du Président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale ajoute à la tension qui traversait déjà notre société avant cette décision tant la diffusion des idées d’extrême droite libère des paroles et des actes racistes, LGBTIphobes et des violences verbales et physiques contre celles et ceux qui s’opposent à cette idéologie.
Le risque est désormais grand que le Rassemblement national soit majoritaire à l’Assemblée nationale et cela aurait des conséquences catastrophiques pour notre démocratie, pour le monde du travail, et tout particulièrement pour les femmes, les personnes LGBTQIA+, les personnes étrangères ou perçues comme telles par les tenants d’un parti qui prône le rejet de toute forme d’altérité.
Comme toujours, la CFDT, libre et engagée, attachée à la démocratie, appelle les citoyens et citoyennes à participer aux élections pour empêcher l’extrême-droite d’accéder au pouvoir.
Cette situation politique et sociale inédite a des impacts dès maintenant et demain pour les agents, et pour le service public d’éducation et de formation: dès maintenant parce que la rentrée n’est pas totalement prête, les ajustements qu’il conviendrait de faire maintenant sur la carte scolaire en particulier dans le 1er degré ne sont pas faits et des collègues apprendront fort tardivement que le poste qui a été fermé qui les amène à chercher un déménagement est finalement ouvert, dans certains départements, ces instances ne se tiendront qu’en septembre.
Comment dans une telle situation seront nous en mesure d’affecter des enseignants pour accueillir les élèves partout sur notre territoire ? Nous constatons avec nos équipes académiques partout des difficultés à recruter.
Là aussi, nous risquons singulièrement de manquer d’enseignants dans les classes dans le 1er et dans le 2nd degré.
Par ailleurs, cette situation sociale et politique libère une tolérance aux discriminations, un racisme qui s’exprime et qui pèse déjà sur de nombreux élèves et personnels qu’il convient de protéger dès maintenant.
Protéger les personnels et les élèves face au racisme qui se déploie, c’est la responsabilité du ministère, c’est aussi notre responsabilité à toutes et tous que de lutter sans relâche et dans toutes les sphères de vie contre les discriminations et pour protéger celles et ceux qui en sont victimes.
C’est un risque majeur aujourd’hui, demain pour le système d’éducation et de formation, pour l’ensemble des agents publics qui voient déferler une vague de haine et qui doivent, tant bien que mal, tenir bon les valeurs de notre République pour l’ensemble de la population.
Demain si le Rassemblement National devait exercer le pouvoir, dans notre ministère et dans d’autres, ce sont des personnels à tout niveau de responsabilité qui seront confrontés à des dilemmes professionnelles et éthiques majeurs tant dans notre champ la vision de l’école et de la jeunesse de ce parti tourne le dos à une école de l’émancipation individuelle et collective, une école de la République, une école démocratique.
Dès aujourd’hui, nous le savons, de nombreux de nos collègues s’interrogent sur ce qu’ils feront si d’aventure, le RN était appelé à former un gouvernement. Notre organisation se tient à leur côté et se tiendra à leur côté pour les accompagner dans leur réflexion, pour les défendre, pour protéger leurs droits.
Dans notre ministère, c’est aussi une mise en tension de plus pour des collectifs de travail déjà mis à mal par des politiques conduites et cette année singulièrement par le choc des savoirs auquel nous continuons de nous opposer mais aussi par des politiques qui manquent, par les silences depuis plusieurs mois. Nous pensons en particulier à des catégories de personnels laissées sans réponse, sans vision portée par leur ministère sur leur rôle dans le système éducatif. Je pense en particulier aux assistant.e.s service social, aux psychologues de l’éducation nationale que ce soit des PsyEn EDA ou EDCO.
Il n’y a plus aucune vision sur l’orientation, l’accompagnement à l’orientation, l’éducation à l’orientation, portée par le ministère et en s’appuyant sur ces personnels.
Il n’y a plus rien sur les étapes suivantes de revalorisation des enseignantes et enseignants alors qu’il convenait de prolonger la dynamique, et puis, entre la valse des ministres, les temps de vacances dans la gouvernance et les réformes qui s’empilent et se contredisent en des temps records, les personnels sont en difficulté, épuisés par l’intensification du travail, par la perte de sens au travail, et le système éducatif est fragilisé dans tous les métiers.
Nous avons depuis plusieurs mois, lancé des alertes fortes sur les modalités de déploiement par exemple de RenoiRH et de Op@ale et il a fallu énormément de temps pour que le ministère prenne en compte nos alertes, qu’elles soient confirmées par des audits que nous demandons depuis longtemps, laissant entre temps les risques psychosociaux s’accroître pour les personnels.
Nous sentons depuis quelques jours des évolutions sur ces sujets, c’est bien venu mais que c’est tardif.. que c’est tardif pour les personnels qui en souffrent au travail au quotidien et pour la déstructuration que cela engendre notamment pour le fonctionnement des EPLE, pour l’ensemble des personnels administratifs, de direction, de vie scolaire et enseignants.
Enfin, sur la formation initiale des enseignantes et enseignants, la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques continue de demander à minima le report de la réforme : les calendriers ne permettent pas d’envisager une mise en œuvre dès le mois de septembre, en particulier pour les personnels dans les universités qui devraient déployer des nouveaux modules en licence, installer de nouvelles licences alors que dans le même temps , on leur demande de fermer des formations à toute force ces derniers jours, tant il est tard dans l’année scolaire et universitaire, les textes ne sont pas pris, la réforme est à ce jour incomplète, et en l’état des documents dont nous disposons elle place les lauréats de concours dans une position tout à fait problématique pendant la première année de master.
Pour autant, pour la CFDT Éducation, Formation Recherche Publiques, les instances actuelles de notre République fonctionnent. L’état de droit est en état de marche encore aujourd’hui, et donc nous estimons qu’il est important que le dialogue social se poursuive jusqu’au bout pour défendre les agents et les agentes et pour défendre aussi précisément le fonctionnement de nos institutions républicaines et démocratiques.