A la veille des congés de la Toussaint, le CDEN se réunissait pour effectuer le bilan de la rentrée scolaire dans les 1er et 2nd degrés. Retrouvez ci-dessous la déclaration liminaire du Sgen-CFDT Paris.
En ce 18 octobre 2018, le SGEN-CFDT Paris réaffirme son attachement à la réforme des rythmes scolaires et à un temps scolaire en primaire constitué de cinq matinées et ne dépassant pas 5h30 d’enseignement par journée. Il s’agit là d’un temps plus respectueux du rythme des apprentissages de l’enfant et notamment de ceux des enfants les plus fragiles. Il réaffirme également son attachement à un service public d’éducation de qualité qui « veille à l’inclusion de tous les enfants, sans distinction » ainsi que le prône l’article 1 du Code de l’éducation, modifié par la loi de la Refondation de l’école du 8 juillet 2013.
Lors de ce bilan de rentrée du premier et second degré auquel nous invite ce CDEN, notre syndicat n’est pas à même de dissimuler son inquiétude face aux doutes qui planent.
- Il s’agit de doutes à moyen terme sur le maintien de la réforme des rythmes scolaires à Paris, réforme à laquelle le SGEN demeure très attaché malgré ses imperfections. Des améliorations dans le partenariat entre la municipalité de Paris et les écoles pourraient être apportées. Il s’agirait pour cela de créer un nouvel organe de décision intégrant animateurs et ATSEM, d’inclure le temps périscolaire dans le projet d’école, d’élaborer un règlement intérieur commun.
- Il s’agit de doutes à court terme sur l’application de ce principe de non discrimination et d’inclusion mis en exergue par l’article 1 du code de l’Education. En effet, même si le ministère de l’Education nationale et la DASEN de Paris affirment et affichent la priorité à l’ASH et à l’école inclusive, des contradictions dans la mise en œuvre de celle-ci persistent.
Comment réellement parler d’école inclusive quand les élèves de dispositif Ulis du premier degré échappent à la comptabilité des effectifs des écoles dans le primaire ?
Comment réellement parler d’école inclusive quand des mineurs isolés sont encore sans solution et non scolarisés à Paris ?
Comment parler réellement d’éducation inclusive quand certaines équipes pédagogiques et éducatives sont en sous-effectif et que manquent des enseignants et des enseignantes spécialisés formées et expérimentées, des AESH ou que ceux-ci ou celles-ci sont nommé.e.s tardivement après la rentrée ?
Comment parler véritablement d’éducation inclusive quand le travail, la professionnalité, l’engagement des AESH et des enseignant.e.s spécialisé.e.s ne sont reconnus ni financièrement ni symboliquement à leur juste valeur ?
Pour tenter réduire l’écart entre les prescriptions ministérielles et la réalité de terrain, les adhérent.e.s et les militant.e.s de notre syndicat réuni.e.s en Assemblée générale le 4 octobre ont mené un d’un débat intitulé « comment aller vers une école plus inclusive ? » Pour limiter la souffrance au travail, ils demandent une meilleure formation — non pas juste de quelques enseignant.e.s du premier et second degré volontaires — mais des équipes pédagogiques et éducatives. La scolarisation des élèves en situation de handicap et à besoins éducatifs particuliers incombe à l’ensemble d’une communauté éducative qui doit y réfléchir et chercher de manière collective les moyens de rendre l’enseignement et l’école accessibles à chacun et à chacune. Une éthique du care et de la responsabilité est nécessaire. L’attention et les aménagements pédagogiques requis par les élèves à besoin éducatifs particuliers sont toutefois rendus plus difficiles dans des classes à effectif élevé ou dans les zones d’éducation prioritaire.
Nous craignons qu’une fois encore, les nouvelles suppressions de poste annoncées dans le second degré se fassent au détriment des élèves à besoins éducatifs particuliers et que ceux-ci deviennent les élèves de trop dont on n’aurait pas le temps de s’occuper.
On risquerait alors une exclusion de l’intérieur. Leur place est pourtant dans les établissements scolaires auprès des autres élèves, dans les classes, parfois soutenus par des dispositifs Ulis ou par des AESHi. Des parcours de réussite vers des voies professionnalisantes ou vers l’Enseignement supérieur via Parcours Sup doivent leur être davantage proposés et facilités. Un long et patient travail sur les représentations que ces élèves souvent fragilisés par le système scolaire ont d’eux-mêmes et que les communautés scolaires ont encore d’eux doit être engagé pour que s’établisse une véritable école de la confiance.
Nous espérons que les nouveaux DDEN élus seront attentifs au respect des principes, des valeurs et des pratiques de l’éducation inclusive. Au-delà du respect du droit à l’inclusion des élèves en situation de handicap et à besoins éducatifs particuliers, il y a dans l’éducation inclusive des enjeux véritables de démocratisation et de remise en route de l’ascenseur social par l’école, enjeux auxquels le SGEN et la CFDT toute entière sont très attachés.
Le SGEN Paris se félicite à ce sujet des expérimentations menées pour introduire davantage de mixité sociale dans les établissements, il encourage et soutient le développement des secteurs multicollèges. Il y a urgence à repenser une sectorisation qui atténue les inégalités territoriales, il y a urgence à mettre en œuvre des pratiques non discriminantes qui favorisent l’expérience de l’altérité dans le collectif et qui offrent la possibilité à chaque élève, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne d’envisager sa réussite à l’école et par l’école. Il y a urgence à permettre aux enseignant.e.s du premier et du second degré de mieux vivre leur métier et de pouvoir effectuer la mission qui leur est confiée : celle d’inclure tous les élèves.