Le Sgen-CFDT Paris était présent au CDEN du lundi 13 février 2023.
Monsieur le Directeur, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Membres du CDEN,
Comment débuter cette déclaration sans évoquer la réforme des retraites à laquelle, faut-il le rappeler, le SGEN-CFDT est opposé ?
Comme les autres organisations syndicales, nous avons appelé à la grève et participé activement aux manifestations contre cette réforme inique, et nous continuerons à le faire. L’allongement de la durée des cotisations est une nouvelle marque de la méconnaissance et du mépris du gouvernement pour la pénibilité de nos professions. Nous ne cessons de rappeler combien nos conditions de travail se dégradent, enseignant·e·s, personnels de direction, administratif·ve·s, AED, AESH, Psy-EN, dans quel état physique et mental finirons-nous nos carrrières ? Représentant·e·s des personnels, nous constatons que leur fatigue professionnelle s’accentue du fait de la transformation du travail, de son intensification au cœur même de l’acte d’enseigner sans qu’il soit nécessaire d’ajouter des heures, et par l’importance prise par les enjeux d’accompagnement des élèves, et ceux liées à l’école inclusive, enjeux incontournables si l’on veut une école plus juste qui permette l’émancipation et la réussite de toutes et tous les élèves.
Concernant la revalorisation pour tou·te·s les enseignant·e·s promise par le candidat Macron durant sa campagne, elle tarde à venir et est soumise à conditions. Nous saluons, bien évidemment, l’attention portée à nos jeunes collègues en début de carrière ; nous avons évoqué à de nombreuses reprises en instances la perte d’attractivité de nos métiers. Mais quid des enseignant·e·s plus expérimenté·e·s ? Quid des professeur·e·s agrégé·e·s ? Quid des professeur·e·s documentalistes grand·e·s oublié·e·s des primes informatiques ? Pour le Sgen-CFDT, il faut que tous les personnels de la filière enseignante (professeur·e·s, CPE, PsyEN) bénéficient de mesures de revalorisation quel que soit le moment de leur carrière. Il faut aussi conduire ce chantier avec l’exigence de réduire les inégalités entre les femmes et les hommes mais aussi entre les corps, et singulièrement, entre les professeur·e·s des écoles et les personnels enseignants du 2nd degré. L’attente est très forte du côté de la part de collègues éprouvé·e·s par les atermoiements du gouvernement et du président de la République qui ne parviennent plus à croire qu’ils·elles bénéficieront de revalorisation malgré le budget délégué. Éprouvé·e·s par des discours médiatiques et politiques dénigrant le travail des enseignant·e·s de manière régulière dans notre pays, ils·elles ont besoin de reconnaissance. Ils et elles sont éprouvé·e·s aussi par les crises répétées sans que jamais ne soit reconnu le travail supplémentaire qu’ils et elles ont accompli pour que l’École les surmonte.
Revenons maintenants aux sujets qui nous réunissent aujourd’hui et tout d’abord la préparation de la rentrée. Nous nous sommes déjà longuement exprimé·e·s sur notre inquiétude quant aux fermetures de lycées professionnels sur Paris. Nous continuons à nous demander dans quelles conditions pourra se faire la rentrée dans les établissements accueillant les élèves et le matériel (parfois très volumineux) des établissements fermés ? Les personnels de direction, administratifs, les agents, les professeur·e·s ? Vous nous avez assuré que tout le monde serait recasé… Où ? Quand ? Comment et dans quelles conditions ?
D’autres établissements voient leurs effectifs diminuer en raison de la baisse démographique attendue sur notre académie, des collèges perdent des classes, pour nous, cela se traduit par de l’inquiétude pour les professeur·e·s concerné·e·s et souvent les plus fragiles, TZR, contractuel·le·s.. Nous redoutons qu’avec la décision de supprimer 182 emplois dans le second degré, les conditions de travail et d’apprentissage se dégradent fortement. Le Sgen-CFDT Paris estime que les moyens envisagés pour la rentrée 2023 ne sont pas à la hauteur des ambitions éducatives de l’Etat. La baisse du nombre d’élèves aurait dû constituer une occasion d’améliorer de manière sensible les conditions d’enseignement et d’apprentissage à moyens constants.
En supprimant 337 postes dans notre académie, le Ministère semble aussi faire le choix d’une gestion des agents dans l’urgence, au coup par coup et non dans la continuité, la sérénité et l’anticipation. Sur notre académie, les difficultés de remplacement des enseignant·e·s absent·e·s ne seront vraisemblablement pas résolues, avec pour conséquence à nouveau de nombreuses classes sans professeur·e sur de longues périodes. D’une façon plus générale, ces suppressions de postes dans le second degré, si elles sont réparties sur un trop grand nombre d’établissements, engendreront une augmentation des services partagés. Nous souhaiterions connaître assez tôt la stratégie prévue par le Rectorat pour permettre le meilleur fonctionnement possible des collèges et lycées parisiens dès la rentrée de septembre.
Les DHG viennent d’arriver dans les établissements, engendrant comme chaque année beaucoup de tensions, de crispations et d’angoisses. Les évaluations nationales de 6ème montrent la faiblesse du niveau des élèves en français et en maths. Pour y pallier, le Ministre a annoncé une batterie de mesures et en particulier, la mise en place d’une heure hebdomadaire de consolidation et d’approfondissement pour toutes et tous les élèves de 6ème assurée par les professeur·e·s des écoles et qui remplacerait l’heure de technologie pour ne pas alourdir le volume hebdomadaire des élèves. Cette annonce, lancée come un pavé dans la mare par voie de presse en pleine période d’arrivée des DHG est incompréhensible et inacceptable pour le Sgen-CFDT Paris.
L’heure de remédiation et d’approfondissement en Maths et Français peut avoir un intérêt pédagogique, surtout si elle est organisée pour tou·te·s les élèves. Mais sa mise en place concrète pose un certain nombre de questions restées pour le moment sans réponse.
Pour le Sgen-CFDT, il ne serait pas souhaitable d’avoir à empiéter sur la pause méridienne, qui doit rester un moment de détente pour les élèves. La logique de groupes de compétences implique aussi nécessairement des temps de concertation, pour constituer puis faire évoluer ces groupes par période ou par trimestre. Cette concertation doit être reconnue soit par une rémunération, soit par du temps, temps justement dont manquent aujourd’hui les personnels, astreints pour un très grand nombre à assumer déjà deux heures supplémentaires, voire plus.
Il existe de plus aujourd’hui des heures d’accompagnement personnalisé et c’est en toute logique sur une de ces heures que devrait se mettre en place l’heure de remédiation / approfondissement et non à la place de l’heure hebdomadaire de technologie.
Cette annonce ne tient pas compte de la réalité de travail des enseignant·e·s, notamment de celles et de ceux qui se sont investi·e·s dans l’EIST (Enseignement Intégré des Sciences et de la Technologie), et qui vont voir leurs progressions remises en cause.
Et surtout, les professeur·e·s de technologie (discipline malmenée depuis des années) vivent cette annonce comme particulièrement brutale et comme une nouvelle marque de mépris. Après avoir redonné à cette discipline ses lettres de noblesse en la plaçant au rang des matières du DNB, on la considère maintenant comme une constante d’ajustement…
La suppression de près d’1/4 des heures de technologie aura des effets importants en termes de ressources humaines. C’est une manière très brutale de gérer la pénurie d’enseignant·e·s de cette discipline dont le concours est fermé depuis 2013.
Cette décision confirme que ce sont bien des logiques budgétaires et de ressources humaines qui ont guidé cet arbitrage avant même toute considération pédagogique. Cela va de plus mettre en danger les postes des collègues qui pourraient se retrouver sur plusieurs établissements, voire être victimes d’une mesure de carte scolaire. Quelle sera la suite ? Un concours réunissant les matières scientifiques et technologiques enseignées indifféremment par le·la même professeur·e ?
Le ministère doit revoir sa copie s’il ne veut pas rater l’enjeu fondamental de la liaison CM2-6ème!
La volonté d’améliorer le lien École – Collège et d’adoucir la transition pour les élèves en créant une heure de soutien hebdomadaire en 6ème peut avoir de l’intérêt. Mais penser que ces heures puissent être prises en charge par des professeur·e·s des écoles est par contre largement illusoire. Le Ministère démontre une nouvelle fois sa méconnaissance de la réalité du temps de travail et des conditions de travail des professeur·e·s des écoles. On ne compte plus les tâches et responsabilités qui se sont ajoutées, en particulier en lien avec le développement de l’école inclusive.
Comment imaginer que les professeur·e·s des écoles puissent être volontaires alors que leurs journées sont déjà éreintantes et que leur temps de travail hebdomadaire explose ? Va-t-on imposer à des PE un temps de service au collège ? Va-t-on proposer à des volontaires de réduire leur temps de présence à l’école pour consacrer une partie de leur service à des sessions de « soutien » au collège ? Va-t-on proposer des échanges de service entre enseignant·e·s des écoles et des collèges ? Comment ces heures seront-elles rémunérées si elles s’ajoutent à leur service habituel ? Beaucoup de questions sans réponses…
Le Ministère n’a visiblement pas mesuré les conséquences de cette mesure en ce qui concerne sa mise en œuvre. Pour le Sgen-CFDT, si elle est envisageable ici ou là compte tenu d’un contexte propice, elle ne peut être étendue largement. Le Sgen-CFDT demande depuis plusieurs années qu’une large réflexion sur le temps de travail des professeur·e·s des écoles soit enfin menée. Ces annonces et les résultats d’enquêtes récentes en illustrent l’urgence. Travailler plus pour gagner plus : pour le Sgen-CFDT, c’est toujours non !
Au niveau des collèges, nous déplorons la disparition progressive mais avérée des sections bilangues et de façon plus générale l’uniformisation de l’enseignement des langues vivantes avec un choix de plus en plus restreint en matière de LV2 sur l’académie de Paris. Au-delà de l’appauvrissement culturel et linguistique, nous pensons à nos collègues enseignant ces langues dites « à faible diffusion » et se retrouvant sur trois établissements et cinq niveaux différents, angoissé·e·s par l’incertitude de leur avenir professionnel. Si Paris ne propose plus aux élèves qui le souhaitent d’apprendre l’Italien, le Russe ou le Japonais, qui le fera ? Chaque année, de nouvelles sections ferment pour ne plus rouvrir et les heures comme les postes disparaissent des DHG, sclérosant toujours plus le mouvement intra-académique dans ces disciplines.
Enfin, nous terminerons en exprimant une nouvelle fois nos inquiétudes concernant nos collègues du Rectorat. Les retours que nous avons font état de situations de mal-être, de burn-out, voire de méthodes managériales parfois agressives. Nous restons vigilant·e·s et continuons à réclamer une enquête interne sur les risques psycho-sociaux et les conditions de travail au sein des différents services du Rectorat.
Nous nous réjouissions de la volonté évidente d’amélioration de la communication entre les services et les collègues par la mise en place de la « ligne directe » réservée aux syndicats. Mais trop de dossiers sont encore en suspens, des erreurs dans le calcul de reclassement induisant un manque à gagner considérable qui dure depuis plusieurs mois.. et nous n’obtenons pas plus de réponses que les collègues désespéré·e·s qui nous sollicitent… Les personnels font ce qu’ils·elles peuvent mais certaines et certains sont submergé·e·s par l’ampleur de la tâche.
Le Sgen-CFDT Paris vous remercie pour votre attention et pour l’intérêt que vous porterez à ses remarques et revendications.