Les premières mesures prises par le nouveau ministre de l’Education nationale pour la rentrée, qui sont toutes contestables sur le fond, se sont faites dans la précipitation, en l’absence de concertation, et sans aucune évaluation de l’efficacité des politiques précédentes.
Pour le Sgen-CFDT, outre l’appréciation que nous portons sur le sens des mesures prises par le nouveau ministre en matière de politique éducative, la précipitation dans l’élaboration et la mise en œuvre quasi immédiate des mesures ne peuvent que générer une forme de pression sur les personnels de toutes catégories et de tout niveau de responsabilité dans notre administration. Cela n’est pas acceptable et ne correspond aucunement à notre conception de la conduite du changement dans un service public de qualité et respectueux de ses personnels.
Cela ne signifie pas que nous sommes opposés au changement mais bien que nous considérons qu’il doit être mené autrement.
RETOUR À LA SEMAINE DE 4 JOURS
Malgré les votes négatifs du CSE et du CTMEN, le ministre a tenu à permettre le retour à la semaine de 4 jours pour les municipalités qui le désiraient. Ce retour nous ramène à la situation de 2008 et au funeste record français du nombre de jours d’école par an de l’ensemble des pays de l’OCDE : 144 jours pour les écoliers français contre 187 jours en moyenne dans les autres pays.Toutes les recommandations, Académie de médecine, rapport sénatorial ou rapports de l’inspection générale indiquent que ce retour est préjudiciable aux enfants.
Le Sgen-CFDT rappelle qu’il est impératif de prendre en compte la globalité des rythmes de l’enfant et pas seulement la semaine scolaire. Il faut parler de l’année et des autres activités des enfants, par exemple culturelles.
Le Sgen-CFDT s’étonne également des propos du ministre jugeant les vacances de la Toussaint trop longues, oubliant la règle consensuelle de 7 semaines de cours alternant avec 2 semaines de vacances scolaires.
LES CP À 12 DANS LES REP+
Cette mesure se voulant répondre aux besoins des élèves les plus démunis socialement fait fi des expérimentations Plus De Maitres Que De Classes et les balaie sans avoir évalué leur efficacité. C’était pourtant un levier à la disposition des équipes qui pouvaient dans les écoles faire varier le nombre d’élèves en fonction des activités proposées aux élèves ou envisager du co-enseignement. Les moyens nécessaires vont non seulement ruiner cette initiative PDMQDC mais aussi réduire les moyens de remplacement et les possibilités pour nos collègues de partir en formation continue dans de bonnes conditions.
L’ARRÊTÉ RELATIF À L’ORGANISATION DES ENSEIGNEMENTS AU COLLÈGE
Cet arrêté pris malgré un vote négatif du CSE (CFDT et FCPE) est un véritable déni des efforts consentis par les personnels d’encadrement, personnels de direction et corps d’inspection, qui n’ont pas compté leurs efforts pour faire évoluer l’organisation du collège et les pratiques pédagogiques pour la réussite de tous les élèves. Les ajustements et le nouveau cadre introduit si tard dans le mois de juin, alors que les affectations intra-académiques sont prononcées, a imposé un travail important de tous et toutes : professeur·es, chef·fes d’établissement, pour redéfinir les projets, redéfinir les besoins horaires des établissements par disciplines mais a mis sous tensions également les personnels des services déconcentrés pour affecter des enseignant·es dans les établissements. La CFDT et plusieurs de ses fédérations rappellent à quel point ce projet aura une incidence sur l’emploi même de plusieurs personnels qui, pour ne pas être des personnels de l’éducation nationale, seront impactés par les effets de ce décret. Alors qu’il faudrait aller plus loin en travaillant à la dé-précarisation d’une partie des emplois d’animateurs et animatrices par exemple, on ouvre la voie au non renouvellement de leur contrat et on ferme la porte à la transformation en emplois pérennes et à temps plein, emplois pourtant non délocalisables.
DEVOIRS FAITS
Une fausse bonne idée qui ne pourra satisfaire qu’une partie de l’opinion publique peu au fait des réalités pédagogiques. En effet, il est établi que la mise en place d’une aide en dehors de la classe n’est guère efficace si ce n’est pas l’enseignant lui-même qui l’assure. La difficulté est insurmontable quand l’aide est confiée à des non enseignants comme les assistants d’éducation ou, comme le prévoit le ministre, des jeunes encore plus éloignés de la classe comme des jeunes du service civique.
Pour le Sgen-CFDT, l’externalisation hors du temps scolaire de ce qui relève du professionnalisme des enseignants est un retour en arrière inacceptable. Avant des effets d’annonce, il faut se demander comment faire le lien entre le travail en classe et le prolongement, si prolongement il doit y avoir, en dehors de la classe.
La diminution des moyens consacrés à l’accompagnement éducatif pour financer « Devoirs faits » remet en cause les initiatives pertinentes de nombreux collèges. En s’appuyant notamment sur des associations, l’accompagnement éducatif permet de faire le lien entre l’école et les familles et propose des actions d’accompagnement qui vont bien au-delà des devoirs.
On notera également la suppression brutales de nombreux emplois aidés, ce qui met en difficulté la rentrée de nombreuses écoles et de nombreux collèges.
AUTONOMIE DES ÉTABLISSEMENTS
Pour le Sgen-CFDT, l’autonomie pédagogique dont doivent bénéficier les établissements ne peut se réduire à un débat sur le recrutement des enseignants par les chefs d’établissement comme semble le limiter le ministre, Jean-Michel Blanquer. Une concurrence dommageable entre les établissements serait inévitable.
La question première est celle du choix des pratiques pédagogiques qui doivent répondre aux besoins identifiés des élèves. Pour cela les enseignants doivent s’inscrire dans un projet pédagogique collectif qui privilégie un enseignement mutuel face à un enseignement simultané qui oublie la diversité des élèves.
Le rapport du CNESCO souligne la nécessité d’un engagement professionnel des enseignants pour que les élèves réussissent. Comment l’institution imagine-t-elle l’obtenir ? Après avoir engagé une réforme sans même prévoir de moyens suffisants pour acheter de nouveaux manuels, elle la remet en cause.
L’Ecole a aussi besoin de temps long et de cohérence.
Quelle est la cohérence d’un système qui promeut une organisation du temps scolaire à la suite d’une grande consultation nationale et qui la remet en cause à la première alternance politique ? Cette façon d’agir, dans la précipitation ne permet pas la sérénité pourtant tellement nécessaire à l’école.
Pour en savoir plus : https://paris.sgen-cfdt.fr/actu/compte-rendu-comite-technique-academique-5-septembre/